Avant d'entrer en salle pour découvrir Il buco, le spectateur a la possibilité de lire la brochure du Groupement National des Cinémas de Recherche, avec à l'intérieur une note d'intention du réalisateur, Michelangelo Frammartino. Intéressant de voir comment le cinéaste explique son projet singulier, que l'on pourrait qualifier de documentaire a posteriori, puisque reconstituant la première exploration d'une grotte calabraise, près de 700 mètres sous terre, 50 ans après les faits. Austère et contemplatif, le film est remarquable du point de vue esthétique, malgré un côté forcé pour le rendre poétique. La campagne est superbe, ânes et vaches regardent placidement l'activité de ces humains décidés à descendre au fond du trou et les images dans l'obscurité de la grotte ont de quoi fasciner. Et pour l'aspect narratif ? RAS ou presque, avec le contrepoint énigmatique d'un ermite local qui vit en symbiose avec la nature et une absence totale de dialogues chez les spéléologues, ou alors indistincts et non traduits. De ces défricheurs souterrains, le film fait des anonymes, sans visage et interchangeables. C'est le choix du réalisateur mais l'aspect humain disparait alors tout à fait d'un projet propre à Frammartino et dont on aurait aimé qu'il ait la générosité de nous le rendre plus chaleureux et incarné, ce qui devait être possible sans le dénaturer. Faute de pouvoir partager pleinement cette extraordinaire aventure, il n'est pas interdit de trouver le temps parfois un peu long.