Un mouvement descendant, dans une grotte, ouvre Il Buco. S’en suit, à l’opposé, l’ascension d’un gratte-ciel – inédit pour l’époque à laquelle se situe l’intrigue, en témoigne le rassemblement du village pour suivre cet événement à la télévision. Mais c’est sur la faille dans la Terre que le troisième long-métrage de Michelangelo Frammartino porte toute son attention : son mystère intrigue un groupe de spéléologues qui va se lancer dans sa découverte. Se portant en protecteur et dernier témoin de cette génération qui a vécu autour des secrets que regorgent notre planète, un vieux berger les contemple s’engager dans cette entreprise.
Le film va alors s’engager dans de constants parallèles entre la découverte méticuleusement filmée et la lutte pour la berger, retrouvé gisant sur le sol. Ascension pour l’un, descente pour les autres : un seul point lie tous ces personnages (la découverte d’un autre monde), en témoignent les multiples comparaisons entre la bouche entrouverte du vieux berger et la grotte. Le groupe de spéléologues représente alors l’Humanité, et l’on en veut pour preuve le langage qui n’a pas vocation à être compris par le spectateur. L’aspect contemplatif du film (qui peut être déroutant au début) n’en reste pas moins sa qualité principale : Frammartino pose sa caméra et observe malignement ce fossé générationnel brisant les mystères de la Terre.