Il buco est le troisième film de Michelangelo Frammartino (pour ma part c'est le deuxième que je vois) et c'est un cinéma époustouflant. Déjà il y a cette beauté formelle : les paysages du sud de l'Italie sont magnifiquement mis en valeur et on sent que le réalisateur apprécie cet endroit tant il dégage du calme et de la sérénité. L'absence de musique, la quasi absence de dialogues, le fait que les personnages n'aient pas de nom, pas réellement de personnalité, pas d'identité, qu'il n'y ait pas de conflit, pas réellement d'intrigue non plus contribue grandement à cette impression de calme.
On suit donc en parallèle un vieux berger qui est plutôt mal en point et un groupe de spéléologues qui descendent au fond d'une grotte dans laquelle personne n'était déjà entrée. Et là, sans artifice, en étant lent et méticuleux le film arrive à faire ressentir ce que c'est que de pénétrer dans l'inconnu. Les voir descendre, s'engouffrer dans des trous de plus en plus étroits et de plus en plus profonds a quelque chose d'angoissant. On y croit. C'est ça le truc incroyable, c'est que le film avec son dispositif minimaliste arrive, entre deux plans bucoliques sur les montagnes, à rendre tangible cette descente.
Incroyable parce qu'il arrive à se dégager quelque chose de ces images qui pourraient paraître froides de prime abord. L'articulation entre l'exploration dans la grotte et l'agonie de ce berger semble trouver un sens, quelque chose d’indicible, dans ce montage alterné, comme si leurs destins étaient liés. Comme si cette exploration mettait fin à un monde, à un mystère... En tous cas il y a quelque chose de touchant là-dedans, comme si on n'avait pas besoin de caractériser un personnage pour le ressentir.
En tous cas c'est un film marquant.