On prend enfin le temps de poser sa caméra et de profiter du moment.
Les images sont splendides mais vraies. On n’exagère à peine, les couleurs sont justes et on voyage à travers l’écran.
Au début, on suit le trajet emprunté par le groupe de spéléologues, traversant villages et paysages.
On ne sait rien du village d’ailleurs. Seulement que tous les soirs, comme une réunion, ils se retrouvent tous autour de cette télé diffusant un film en noir et blanc. L’influence américaine aura encore frappée. Même la ou on ne s’y attend pas.
Une histoire ? Un récit de spéléologie ? Un documentaire paysagiste ?
On n’en sait rien. Je dirais comme Begaudeau : « le cinéma ce n’est pas QUE raconter une histoire. »
Ici, c’est bien de cela dont il s’agit.
Aucune histoire, seulement des moments de vies eparses qui se succèdent sans que l’on sache vraiment ou elles commencent, ou elles finissent. Vivre avec ceux qu’on voit, vivre avec ce qu’on sent. Comme le disait Stendhal : « l’artiste doit être ds son oeuvre comme Dieu ds la création, invisible et tout puissant ; qu’on le sente partout et qu’on le voie nul part. »
Être enfermé dans une grotte pendant de longues minutes. Le clapotis de l’eau. La profondeur insoupçonnée qui est renforcée par le journal chiffonnée et brûlant qu’on envoie en rappel. La communication qui se fait rare voire inexistante. Les parois, de plus en plus étroite, la lumière qui disparaît à chaque fin de plan. On se croirait vraiment avec les spéléologues. Sans trop savoir ce qu’on cherche, ni but ou fin, seulement la curiosité de l’homme qui fait mouche avec « il buco ».
Cette dernière semble presque comme vivante. Un leger souffle, comme un vent qui viendrait de « sous-terre », nous donne des frissons. Le plan du début s’ouvre sur le trou qui passe d’un bleu vif, au bleu du ciel.
La première fois qu’ils entrent ds le trou, un agroupement se fait. On regarde la grotte, dont elle même est l’objet de ces autochtones italiens, scrutant de près la descente.