Paolo Sorrentino dit lui-même d'Il Divo qu'il est le sommet de sa carrière et, le sourire aux lèvres, suppose que c'est à partir de là que s'opère une dégringolade dans son cinéma. On ne peut pourtant pas en dire autant après avoir vu le splendide La grande bellezza et le non moins superbe Youth.
Il Divo s'intéresse à l'homme d'État italien Giulio Andreotti et à son parti, la Démocratie Chrétienne, au pouvoir en Italie pendant trente-quatre ans ! Andreotti est ici dépeint comme un homme malin mais acariâtre, physiquement repoussant et dont les liens avec la mafia sont évidents. Nulle surprise donc d'apprendre qu'Andreotti n'ait pas apprécié le film.
L'élément le plus frappant du film est son rythme et son montage effrénés qui ajoutent au désordre moral dans lequel l'homme d'État et son parti subsistent mais qui ne permettent pas de ressentir un quelconque attachement ou du dégoût pour ces hommes et leurs actions. L'ensemble semble donc assez froid mais ce détachement est contrebalancé par le côté caricatural et haut en couleur de tous les personnages du film. De prime abord, cette caricature apparaît donc outrancière mais on se rend très vite compte qu'elle est au service du message du cinéaste quant aux magouilles de la vie politique italienne sous Andreotti.
Ainsi, si Il Divo apparaît d'abord comme un film caricatural et froid, sa force se manifeste au fur et à mesure du film et réside avant tout dans son message et dans son style, un "opéra pop-rock" voulu par le réalisateur, qui atomise tous les films politiques classiques.