Poisseux, hermétique, incompréhensible, paradoxal mais aussi particulièrement clairvoyant, Hard to be a god est un film qui se dévoile dans son deuxième visionnage ce qui est, il faut bien le reconnaître, particulièrement difficile au vu de l'expérience qu'il fait subir à son spectateur.
Et pourtant ce film est un miroir de la Russie tellement radical et puissant, qu'il serai dommage de ne pas prendre le temps de voir ce qu'il nous décrit et nous raconte. Tout y dit dès les premiers plans, l'unique voix off introductive donnant toutes les clefs de compréhension avant de nous submerger dans la mélasse terrible que vit actuellement la Russie.
"Ce n'est pas la terre. C'est une autre planète, identique, 800 ans de retard..." "... Et la château gris locaux rappelaient le début de la Renaissance..." "Mais la Renaissance ne c'est pas produite ici. Juste une réaction à quelque chose cela ne s'est presque pas produit..." "ça a commencé par détruire l'université, de la façon de penser. Et une chasse aux penseurs, les sages, rat de bibliothèque et des artisans talentueux. Certains ont fui vers l'Irukan voisin. C'était mieux là-bas"
Je pourrai continuer mais, c'est bien de la pauvre Russie que l'on parle, traîné dans la boue, la fiente, diriger par un homme érigé en dieu qui joue de la flûte au sonorité de jazz qui ouvre et ferme le film, entouré d'hommes à son service traité comme des animaux. Intouchable, in-tuable, qui entraîne son monde dans une quête qui ne mène nulle part, ni pour lui, ni pour son peuple.
Les personnages regardent la caméra régulièrement, comme pour interroger le spectateur devant ce spectacle grotesque et terrible, le spectacle d'un peuple traîné dans la boue, d'un gâchis comme nulle autre dans cet univers. à l'image de cet homme qui range un semblant de jeu d'échec au début, la Russie se prépare à subir Poutine, un film toujours plus d'actualité aujourd'hui qui ressemble à un appel à l'aide devant un arcaisme subit qui détruit tout à commencer par ses propres enfants.
Un propos magnifiquement bien déguisé et pourtant si courageux dans un tel pays, qui fait de "hard to be a god" une œuvre aussi puissante que terrible.