Ce faux film de science-fiction est un "monstre". Il faut avoir le coeur bien accroché pour regarder ce long-métrage qui a pris treize ans à être produit, le cinéaste utilise "l'esthétique de la saleté" jusque dans ses moindres recoins, un monde médiéval boueux et en putréfaction, ou les personnages nous sortent toutes sortes de sécrétion corporelle de la morve à la pisse ou le sang; ou les intellectuels et artistes sont assassinés, résonnant dans cette histoire russe d'antan et actuelle. La réalisation est composée de plans séquences en mode caméra subjective ou les objets, les protagonistes et autres se placent extrêmement près de l'objectif s'adressant même à lui par moments. Il y a du mouvement dans des décors déments, des bruits et des choses bizarres qui se déroulent dans des compositions opulentes et scatologique, on ne comprend pas tout ce qui se dit ou ce qui se fait, cela reste très obscur. D'ailleurs, cette surcharge rend difficile la bonne lecture du récit, notamment à cause de digressions mais c'est une oeuvre vraiment hors-norme et donc clivante dans laquelle Guerman convoque à la fois Tarkovski, Pasolini et le peintre Jérôme Bosch.