Il était temps par Sarah Lehu
Dix après la réalisation de sa première comédie romantique Love actually et après un passage dans le monde déjanté des radios pirates rock n'roll de Good Morning England (2009), Richard Curtis retrouve dans Il était temps son genre de prédilection : la comédie romantique. Car Richard Curtis est bel et bien un scénariste spécialiste de ce genre en Angleterre. Il est l'auteur entre autre, de Quatre mariages et un enterrement, Coup de foudre à Nothing Hill ou encore de la célèbre série Mr Bean.
Il était temps raconte l'histoire de Tim Lake (Domhnall Gleeson), un jeune anglais qui découvre à l'âge de 21 ans qu'il a la capacité de voyager dans le temps. Ce don est maîtrisé par tous les hommes de la famille et, s'il ne permet pas de changer le monde (Tim ne peut pas par exemple tuer Hitler), il a le pouvoir d'interférer le cours de sa propre existence. Désespérément seul, Tim décide donc d'en profiter pour se trouver une petite amie. Il se rend à Londres pour commencer une carrière dans le droit et rencontre Mary (Rachel MacAdams).
Au fil de ses innombrables voyages temporels Tim n’a de cesse de ruser avec le destin afin de rencontrer Mary pour la première fois, encore et encore, jusqu’à ce qu’il arrive à gagner son coeur.
Il se sert des voyages dans le temps pour améliorer sa vie : créer les conditions idéales pour sa demande en mariage, sauver la cérémonie du discours catastrophique du pire des garçons d’honneur imaginables mais aussi pour épargner à son meilleur ami un désastre professionnel.
Malgré les nombreux avantages que lui apportent son don, Tim va peu à peu se rendre compte et notamment en devenant père à son tour que la vie ne lui épargne pas la peine et les chagrins qui sont communs à n’importe quelle autre famille.
Il était temps a tout d'un film à succès, l'histoire se nourrit de plusieurs genres : la comédie romantique, le film familial mais aussi d'une pointe de science fiction qui aurait pu emporter cette romance à priori sans surprise dans un univers atypique et favoriser les situations incongrues et drôles. Le propos du film peut rappeler l'excellent Un jour sans fin d'Harold Ramis avec Bill Murray.
Malheureusement, c'est un essai manqué pour Richard Curtis qui ne parvient pas à faire décoller le film et ne tire du don de Tim Lake qu'une suite de situations qui se répètent et se ressemblent inlassablement. Les situations sont beaucoup trop prévisibles, puisque, en plus de tirer sur les ressorts de la comédie romantique dont on commence à comprendre les rouages, à chaque « erreur » de Tim que nous voyons, nous savons qu'il va vouloir la corriger et comment il va procéder.
Le potentiel de chaque scène de comédie est tué dans l'oeuf par une pudibonderie étonnante. En exemple, lorsque Tim à l'occasion de passer la nuit avec son amour de jeunesse, il est tenté mais finalement s'y refuse, trop intéressé par l'idée de fonder une famille. Les intentions de ce personnage sont louables, soit, mais les choix scénaristiques de Richard Curtis empêchent tout rebondissement et l'histoire s'enfonce dans une suite d'événements qui certes, nous racontent une belle histoire d'amour et de famille mais celle-ci est d'une platitude extrême.
La réalisation est elle aussi malheureusement convenue et contribue fortement à l'ennui du spectateur devant le film. Les scènes s'enchaînent et se ressemblent, les sauts dans le temps toujours construits de la même manière ne réservent pas de surprise et en chamboulent encore moins notre perception des événements.
(...) La suite de ma critique ici : http://www.cine-region.fr/films/il-etait-temps