Hippocrate par Sarah Lehu
Qui n'a jamais entendu autour de lui des anecdotes drôles, crues, surprenantes et émouvantes sur la médecine ? L'hôpital est nul doute l'un des lieux les plus représentatifs de la société et c'est avec un regard de connaisseur, car lui-même est médecin, que Thomas Tilti s'y intéresse dans Hippocrate, son second long-métrage.
Construit comme un parcours initiatique, le film s'ouvre sur l'arrivée dans le service de Benjamin (Vincent Lacoste), jeune interne rêvant de devenir médecin, comme son père, le Professeur Barois campé par Jacques Gamblin.
Sa plongée dans le monde médical s'avère plus compliquée qu'il ne l'avait imaginé, Benjamin va vite se rendre compte des nombreuses difficultés et injustices qui y règnent, à l'image de son confrère Abdel (Reda Kateb), médecin compétent algérien obligé de repartir à zéro en France.
La grande force du film est sans doute son doux mélange entre le documentaire et la fiction qui font passer au spectateur un agréable moment.
Présenté en séance de clôture de la Semaine de la Critique, Hippocrate est une peinture d'un service hospitalier français, oscillant entre la comédie et le drame et s'appuyant sur des faits réels et autobiographiques.
Ici pas de cas médicaux insolvables, ni d'arrivées de patients à la chaîne, l'équipe médicale ne passe pas non plus son temps et s'aimer et se déchirer... loin des nombreuses séries TV made in USA, Thomas Tilti à la volonté de montrer la vérité hospitalière que la plupart des spectateurs observent de « l'autre côté », allongés sur un brancard.
L'histoire est portée par Vincent Lacoste, assez juste dans un rôle sérieux et, Reda Kateb qui prouve une nouvelle fois son talent, le duo parvient à nous embarquer dans les couloirs froids de l'hôpital.
Bien écrit, filmé d'une façon presque documentaire, Hippocrate pêche néanmoins par son rythme un peu lent et ses situations facilement prévisibles. Le parcours du jeune Benjamin ne suffit pas toujours à maintenir notre attention et le réalisateur peine à rendre ses personnages attachants.
Dommage, car l'ensemble des personnages apparaissent riches de possibilités et de messages à porter mais ne semblent pas avoir le temps de s'exprimer.
Néanmoins, Thomas Tilti lance des pistes intéressantes sur le quotidien parfois dur du corps médical (cas de conscience, fin de vie, erreurs médicales...) et s'amuse des clichés qui courent sur ce milieu.
Si elle comporte quelques raccourcis et est finalement assez bien-pensante, cette comédie intimiste est une des belles surprises de la rentrée, un point de vue juste sur un monde méconnu.