Alors que ses confrères s'emploient encore à singer son style avec plus ou moins d'éfficacité, le maestro Leone, lui, passe à la vitesse supérieure, délaissant le côté purement fun de sa trilogie du dollars pour un projet bien plus ambitieux, superbe hommage aux grands maîtres du genre.
Au son d'une partition flamboyante et lyrique signée Ennio Morricone, Sergio Leone met en scène la mort de l'ouest sauvage, la lente mutation de son paysage, la disparition certaine de ses règles et de ses légendes. Une oraison funèbre à la violence aussi stylisée que furtive, d'une noirceure abyssale tout en laissant une infime lueur d'espoir pour une poignée de protagonistes.
Faisant preuve d'une maîtrise formelle confinant au génie sans jamais tomber dans la démonstration facile, Leone étire ses scènes jusqu'à l'excès, attendant bien patiemment la petite étincelle qui embrasera la pellicule, le tout au service d'un scénario parfaitement construit (sur lequel ont d'ailleurs bossé Bertolucci et Argento).
On pourrait écrire des pages et des pages sur un tel chef-d'oeuvre (ce qui fut fait), le principal étant que "Il était une fois dans l'ouest" est un monument du cinéma mis en scène par un putain de génie, où chaque séquence est inoubliable, dont on ressort hanté par la beauté boudeuse de Claudia Cardinale, par le regard glaçant de Henry Fonda, la nonchalance de Jason Robards et par la présence spectrale de Charles Bronson.