Tournée en 1968, soit la même année que 2001 l’Odyssée de l’Espace, ce film devait être pour Leone, après sa Trilogie du dollar, la promesse de la Paramount pour la réalisation du projet qui lui tenait à cœur : l’adaptation de The Hoods, écrit par Harry Grey.
Leone réalisa Il était une fois dans l’Ouest comme étant son dernier western ; et après avoir annoncé la fin du western spaghetti avec son film précèdent, il annonça de même avec ce film la fin du western comme genre cinématographique majeur.
Conscient d’une maitrise parfaite de son style, Leone impose son génie par la juxtaposition incroyable de son imagerie (que ce soit sa science du cadrage, de sa mise en scène, du découpage…) avec son talent de conteur incroyable (le récit d’un mythe, écrit sur plusieurs niveaux de lectures).
Loin de vouloir répéter le schéma qui fit le succès de son précédent film, Leone passa d’une comédie picaresque à ce qu’il aimait appeler un ballet de mort ; car ce qui frappe dans ce film, c’est bel et bien cette maitrise parfaite d’une lenteur, étiré comme sacralisation d’une fin d’un monde.
Par une histoire simple, archétypal du western où se rencontrent toutes les figures du genre (le bandit romantique, le héros solitaire, le tueur professionnel, le capitaliste et la putain), Leone décrit ce moment de basculement de la civilisation américaine, ce monde de l’Ouest mourant face à l’avancée du capitaliste et de la civilisation; narrée par une force de l’évocation symbolique de son style : celle d’un conte pour adulte, où chaque chapitre est évocateur d’un film qui l’a précédé ( du Train sifflera trois fois en passant par La Prisonnière du désert, du Cheval de Fer à Johnny Guitare); où chaque ritualisation, sublimée par la musique de Morricone, nous bascule dans un jeu d’enfants et d’un émerveillement cinématographique bien plus qu’un réalisme historique.
Baudrillard disait de ce film qu’il s’agissait du premier film postmoderne de l’histoire du cinéma.
Il était une fois dans l’Ouest, bien plus que tout autre film avant lui, est une déclaration d’amour au Cinéma, à ce genre mythologique que fut le western dont Leone ressentait l’essoufflement et la fin arrivée.
Un film matriciel, symbolique de véritable rupture avec le cinéma classique, qui redéfinira le cinéma moderne.