Qu'est qui fait que "Il était une fois dans l'Ouest" est un grand film et le reste malgré le temps qui passe ? Ce scénario parfait, à la fois classique (la vengeance comme moteur) et post-moderne (la peste capitaliste qui gangrène l'Amérique depuis sa naissance) ? Cette construction toute en ellipses brillantes, évacuant scènes de transition ou explicatives pour se concentrer sur des scènes "de bravoure", au risque de perdre un spectateur peu attentif ? Cette mise en scène qui touche régulièrement (systématiquement ?) au sublime, alliée au travail remarquable de Morricone à la musique (la musique de film la plus belle et la plus intelligente jamais écrite ?) ? Ces dialogues cultes, rares mais percutants, qui injectent une dose absolument parfaite d'humour et de second degré éloignant définitivement l’œuvre du pensum ? Ces acteurs filmés en gros plans comme des reptiles menaçants, qui n'ont pas à jouer, seulement à se mouvoir, accompagnés par ces magnifiques envolées de caméra que tout le monde a ensuite pompés ? Cette amplitude narrative qui élève le film à une dimension certes opératique, mais aussi quasi mythique ? Oui, tout cela fait de "Il était une fois dans l'Ouest" le modèle du film parfait, à la fois intellectuellement ambitieux et commercialement efficace. Un seul bémol, scorie de son mode de production, la post-synchronisation lourdaude d'un casting international sans langue commune : un peu gênant parfois, mais quand même peu de chose dans le contexte d'un tel film. [Critique écrite en 2011]