Rentrer dans un western de Leone n’est pas chose sujette à l’improvisation. Quand c’est lancé, c’est lancé, pas de retour possible, tu as rendez-vous avec le Cinéma. La mise en bouche est brulante mais tu mâches et t’admires, ça ne cause pas beaucoup mais quand retentit l’harmonica et que ces trois faces crasseuses et suantes font volte-face, tu sais déjà que ça va se jouer à la punchline et au six-coups. Et ça, c’est cool.
Surtout, n’oublie pas d’ouvrir tes oreilles, Ennio Morricone est dans la place avec une bande-son qui mériterait de rentrer au musée des mythes tant elle accompagne à merveille les faits et gestes de larrons viriles, le regard perçant à l’affut de l’inévitable magouille.
Je m’attendais à chanter ô combien Bronson ou Fonda crèvent l’écran (ce qui est au demeurant une vérité non niable) . Sauf que voilà, cela aurait été les différencier de la ribambelle d’hommes de grand talent qui sévissent dans cette œuvre, magnifiés par la prestance incomparable de l’univers de Leone qui sculpte des gueules épiques à tout va. Hérésie serait d’oublier l’adorable Claudia Cardinale, merveilleuse mignonne.
En bref, tu dégustes dans tous les domaines, Sergio prend son temps pour la bonne cause, il allonge l’action pour écourter le tout, il immerge par le trivial comme par le grandiose. Dis-moi que tu t’ennuies et on réglera ça à l’apogée de l’étoile, devant la gare, viens seul.
On pourrait continuer longtemps à dépoussiérer une œuvre qui brille déjà tant on l’a ciré d’éloges mais ce serait un batifolage vain car mon but ici est finalement de te convaincre, lecteur, que Il était une fois dans l’Ouest vaut son pesant d’or. Recueille les étincelles fusant des regards bleu acier et vipérin du Fonda et du Bronson , accueille tout le talent de Leone, de Morricone mais surtout n’oublie pas que c’est ça, le Cinéma.