L'entrée en matière pause immédiatement le ton du film. La qualité de la mise en scène de Leone et sa maitrise de la dramaturgie happent instantanément son spectateur. Le film débute par une scène quasi muette dans laquelle on attend tout comme les personnages l'arrivée du train. L'attente pourrait rapidement devenir ennuyeuse, mais Leone ne laisse aucun temps mort, car le silence n'est pas un temps mort, il s'amuse même avec ses personnages. L'un est dérangé par une goutte d'eau, l'autre par le bruit du télégraphe puis par une mouche. Les bruits de la bande-son de Morricone prennent tous leur place, Morricone qui avait alors apprécié le travail sonore lors d'un concert de musique contemporaine, a eu alors une révélation sur la place des bruits et des objets. C'est au son de cette roue grinçante que le vent fait tourner que le film s'ouvre. Après avoir lu l'autobiographie de Morricone, il faut faire une rectification, puisque le compositeur revient sur cette ouverture dans son livre, pour dire qu'il n'en n'est pas l'auteur. S'il était bien prévu qu'il compose une musique pour cette scène, il n'a pas travaillé dessus, l'idée n'est même pas de lui, elle est de Leone. Celui-ci lui a fait découvrir la scène en salle de montage avec les différents bruits attribués aux personnages. Morricone a dit qu'il ne pourrait pas faire mieux et la scène est restée tel quel.
Le film n'a que très peu de dialogues et sur 2h45 il faut carrément maitriser son sujet pour se lancer dans une telle aventure, mais l'image est la force de Leone, il la maitrise et il sait magnifier ses personnages avec. Le scénario on le doit entièrement à Sergio Donati, bien qu'Argento et Bertolucci soient crédités au générique ceux-ci n'ont rien fait sur ce film. Il faut dire que Leone aimait avoir les gens en vues du moment. Il avait d'ailleurs recruté Age et Scarpelli pour écrire le scénario du bon la brute et le truand, si ceux-ci sont bien crédités au générique, leur travail a été entièrement gommé. Le ton du film était trop comique pour Leone qui dit une fois lu''il n'y avait que de la rigolade''. C'est donc à Luciano Vincenzoni et à Sergio Donati que l'on doit le scénario du bon la brute et le truand. Et là c'est Donati seul qui a écrit les 240 pages de scripts qui composent l’histoire. Leone parlait des heures avec Bertolucci de cinéma et des références qu'ils avaient en commun, Argento lui assistait à tout ça. Je serais curieux de voir et surtout de lire ce script du film, il doit comporter tout un tas de descriptifs vu le peu de dialogues que comporte le film. Donati voulait éditer le script mais pour des problèmes de droit Donati ne peut pas publier son scénario. Un jour peut être, il serait bien aussi que Taschen consacre entièrement un livre à Leone comme ils l'ont fait pour Kubrik ou Bergman.
Encore une fois Leone ne fait pas qu'un western, il fait un véritable portait de l’Amérique à travers un western. Il montre la fin d'une époque et l'arrivée de la modernité dans l'ouest qui va changer la face du territoire américain. C'est la mise en place du système capitaliste qui va envahir les états unis avec l'arriver du train. Le scénario est brillamment et minutieusement construit et Leone le met en images avec une vraie attention des détails. Dans chacune de ses scènes se trouve une puissance comique ou dramatique, on sent pleinement le style de la comédie italienne qui joue habilement entre drame et comédie. Aucune scène n'est moins bonne que l'autre, le régime ne baisse jamais, le film captive son spectateur dès les premiers instants pour ne le libérer qu'une fois la fin arrivée.
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