L’harmonica est un élément indispensable dans l’imaginaire du cow-boy solitaire arpentant les grandes plaines de l’Ouest américain. Dans Il était une fois dans l’Ouest, cet instrument est le compagnon du héros dont, à l’instar de Clint Eastwood « le Manchot » dans Et pour quelques dollars de plus, nous ne connaissons pas le nom. Ce n’est pas cette fois-ci un trait physique, qui va déterminer le surnom de notre héros, mais bien cet instrument dont les quelques notes annoncent son arrivée. Charles Bronson est donc Harmonica, un solitaire que l’on pourrait prendre pour un justicier mais qui en fait, est animé d’un dévorant désir de vengeance.
Au milieu du désert, un endroit apparemment sans intérêt se retrouve être la cause d’une tuerie. Unique source d’eau de la région, Peter McBain et sa famille s’y sont installés. Passage obligatoire pour la nouvelle ligne de chemin de fer, la famille McBain est abattue par une bande de tueurs dont le chef se nomme Frank. Injustement accusé du meurtre, Cheyenne, un brigand au grand cœur va se chercher à se venger en aidant la veuve McBain à garder son lopin de terre et en attaquant la bande de Frank. Harmonica, quant à lui, traque sans relâche Frank. On comprend vite qu’il en fait une affaire personnelle et l’explication est donnée lors de l’indispensable duel final.
Un aspect très intéressant est la relation entre Cheyenne et Harmonica. A défaut d’une amitié, le respect qu’il y a entre les deux hommes est très fort et l’alliance qu’ils forment pour venir à bout de Frank et sa bande va porter ses fruits. Bronson est parfait dans ce personnage énigmatique dont la soif de vengeance rappelle celle du Colonel Mortimer dans Et pour quelques dollars de plus. Pour son premier rôle de méchant, Henry Fonda est convaincant, même si on sent que l’acteur n’est pas taillé pour ce type de personnage.
Acolyte de tous les chefs d’œuvres de Sergio Leone, Ennio Morricone signe une bande originale dont les quelques notes d’harmonica nous plonge dans cette atmosphère tendue, où seul une pétarade de tous les diables pourrait venir briser.
Le film exploite à la perfection tous les clichés associés au Western. Le thème de la vengeance, un héros solitaire, un suspens étiré au maximum et un paysage aride et hostile. Reconnu pour avoir l’une des plus belles ouvertures du cinéma, une catastrophe a tout de même été évitée pour cette scène d’anthologie. Leone voulait faire un lien avec Le Bon, la Brute et le Truand. Afin de créer une continuité, le réalisateur proposa à Clint Eastwood, Lee Van Cleef et Eli Wallach de jouer les rôles des 3 tueurs qui attendent Harmonica à la gare. Vous arrivez, vous, à imaginer un homme, quel qu'il soit, à venir à bout du Bon, de la Brute et du Truand? Impossible. Heureusement que cette idée n'a pas emballé l'arrogant Eastwood qui ne pouvait supporter l'idée de tourner un film où il mourrait dès la première scène. Le chef d’œuvre était sauf!