En 1968, après avoir réalisé sa sublime trilogie du dollar, Sergio Leone anticipe la mort du genre qui aura pourtant presque exclusivement permis son succès : le western. Si Alejandro Jodorowsky enterre définitivement les codes du genre en 1970 avec El Topo, Sergio Leone offre deux années auparavant un véritable chant du cygne au western spaghetti.
Servi par un scénario bien ficelé et efficace, cette leçon d'Histoire des États-Unis a le mérite de parfaitement rappeler ce qui a permis la construction de cette superpuissance : ses hommes. La fin tragique de ce pionnier qui à force de travail a fini par être tout proche de réaliser le rêve de toute une vie plonge brutalement le spectateur dans ce qu'a véritablement été la conquête de l'Ouest : des destins individuels brisés dans leur élan de liberté. La précision des accessoires et des décors suffisent à créer un enchantement savoureux.
Si Sergio Leone est un maître du western spaghetti, il reste tout de même que le genre en lui-même n'est pas exempt de tout reproche. Bien qu'assez peu caricatural, Il était une fois dans l'Ouest demeure un western spaghetti, avec des flashback à répétition, des morts ridicules, des scènes de brutalité gratuite et une musique envahissante. Sur ce point tout particulièrement, la partition d'Ennio Morricone a le mérite de remplir parfaitement le cahier des charges au niveau de l'accompagnement de l'action, mais le tout n'est pas pour autant d'une très grande finesse (la musique originale du Parrain est bien meilleure à mon sens).
Évidemment avec la panoplie d'acteurs de qualité présents au générique, on est pas déçu du résultat final. Claudia Cardinale n'a pas fini d'émerveiller des générations d'amateurs de cinéma. La mise en scène regorge de bonnes idées et Sergio Leone démontre une fois de plus qu'il a un très bon sens du rythme.
Il était une fois dans l'Ouest n'est peut-être pas le film parfait comme il est possible de le lire un peu partout. Il n'en reste pas moins que cette œuvre demeure un véritable joyau de l'Histoire du cinéma, un hommage sincère et non dénué de poésie à deux univers particulièrement attachants : le western et la conquête de l'Ouest.