Il était une fois le meilleur film de tous les temps
Un soir du début d'année 2004, février ou mars, je ne sais plus exactement, je m'emmerde royalement chez moi. Demain, y'a école donc pas de sortie prévue, pas envie de jouer à la playstation et encore moins d'aller surfer sur le net. Bon ben on va voir ce qu'il y a à la tv. Tiens, on passe "Il était une fois en Amérique", de Sergio Leone, avec De Niro et il est noté à quatre étoiles. Ouais pourquoi pas. Il dure... 220 min!? What the fuck!? Je rêve ou quoi!? Enfin, de toute façon, j'ai rien d'autre à faire donc je vais toujours le commencer. Après on verra bien et au pire il me suffira d'appuyer sur off. Et puis bon, De Niro, Leone, ça doit être bon et je devrais aimer. En plus, c'est le dernier Leone qui pour une fois avait délaissé le western. Quand même étonnant que je ne connaisse pas mieux ce film aussi bien noté avec mon acteur préféré. Donc là je suis bien décidé à me lancer. Il est 20h10, ça va commencer.
Dès les premières minutes je sens que c'est lent. Mais je préfère dire "posé". Lent à un sens plus négatif. Donc voila c'est posé. Leone prend bien son temps pour établir son intrigue. Mais déjà je suis émerveillé par la musique mélancolique de Morricone. Je vais donc assisté à un film rempli de mélancolie. L'apparition subtile du "Yesterday" des Beatles me le confirme. Et puis, on entre dans l'heure consacrée à l'enfance. On patientera pour revoir De Niro mais ça ne me pose aucun problème. L'enfance disais-je donc. On se replonge dans le passé pour appuyer sur la genèse d'une amitié. Pour rendre la fin encore plus mélancolique? Poser la question c'est y répondre. Waouw pas mal le plan de quelques secondes avec le pont de Manhattan. Non non c'est le pont de Manhattan, pas celui de Brooklyn. L'histoire a beau se dérouler à Brooklyn, c'est pourtant bien le pont de Manhattan que l'on voit là. Enfin soit... Et pan! Bugsy a tiré au ralenti. J'ai à peine eu le temps de déguster le pont que je subi un instant tragique... mais tellement savoureux.
On est monté en puissance depuis 1h30 et on revient à De Niro qui joue au gangster légèrement désabusé. On dirait qu'il suit le mouvement parce qu'il n'a pas d'autre solution, le pauvre Noodles, a toujours se demander s'il doit jouer au gentil ou au méchant. Il prend nettement moins de plaisir que les trois autres à jouer au truand. Son passage par la case prison l'a fait réfléchir. Leone fait l'impasse sur la taule mais on s'en doute. James Woods, lui, pas de problème, il n'hésite pas, son camp est tout désigné comme pour toute sa carrière d'ailleurs. Et je ne veux pas entendre dire que c'est banal. Le gentil gangster qui essaye de tempérer le méchant. Non parce que De Niro est en plein doute, sa situation devient ambigüe et il met du temps à choisir son camp. Et même quand il le choisit, il hésite jusqu'au dernier moment tellement il est tourmenté. Rien de manichéen là dedans. Pas de cliché bien lourd. Et encore, son choix n'est pas radical. Au nom d'une amitié sacrée, il calcule pour limiter la casse au maximum.
Au nom d'une amitié sacrée, selon Noodles, mais bien illusoire au final. Lorsque l'on s'aperçoit de la vérité, on arrive en fin de vie et c'est le moment de faire les comptes. Ceux-ci sont lourds et douloureux pour le brave Noodles. Une vie passée dans l'anonymat, la peur et les remords contre une vie de plaisirs, de richesse et de vices. Mais au bout du compte, l'un s'en va la tête haute et l'autre la tête basse dans les ordures (!)
A ma montre, il est 23h59 et je viens de voir le plus grand film de tous les temps. Demain, école, je ne me suis pas couché tôt comme Noodles mais j'ai souri comme lui. Je savais ce que je venais de voir et le lendemain matin je tenais enfin mon film culte.