Il était une fois...
Déclic cinéphilique immédiat : films de Sergio Leone !
Oui, ces quatre mots sont et resteront à jamais la signature cinématographique de ce cinéaste hors du commun, hors limites. Créateur d'images très vite en route vers le mythe ; et ce, justement, pour avoir consacré la partie la plus importante, enthousiasmante, de sa filmographie au fameux mythe américain. Avec cet amusant paradoxe : c'est lui, Italien né à Naples, qui mieux que tout autre a été inspiré par les très riches heures de l'histoire du Nouveau Monde. Au point de les restituer de façon géniale, à travers trois films jalons. Mais motivé et boulimique comme il l'était, M. Robertson - pseudo de Leone avant sa célébrité - ne pouvait pas faire moins.
"Il était une fois... dans l'Ouest", western ô combien lyrique, ou la naissance tout en soubresauts sanglants de la nation américaine.
"Il était une fois... la Révolution", ou sa jeunesse ô combien tourmentée.
"Il était une fois... en Amérique", film fleuve (3 h 40 de projection, mais passant si vite !) est toujours le regard de Leone. Posé, cette fois, sur la période charnière de l'Amérique adulte, contemporaine. En gros, la décade 1920-1930, marquée comme on sait par une forme très particulière de gangstérisme. C'est Chicago, le règne sanglant d'Al Capone, et surtout les multiples façons de s'enrichir frauduleusement en violant la Loi sur la Prohibition.
Comme fil conducteur, l'histoire de Noodles. Un petit voyou vite devenu grand et qui a réellement existé. A la fin du film, on sait tout de lui et de sa destinée. Adolescence dans le milieu juif de New York et très vite l'apprentissage du crime en compagnie de trois autres mal partis de la vie.
A leur maturité, unis par une puissante amitié, ils auront déjà un joli passé de hors-la-loi. Tenant le haut du pavé en gérant un club aussi interdit que les boissons qu'ils y vendent. Mais la suppression de la Prohibition va déboucher sur une déflagrante tragédie. Et pour Noodles, plus de trente années à vivre, ou plutôt survivre, avec un terrible poids moral sur la conscience...
C'est en quelque sorte le "portrait d'UN enfant échu" que propose Sergio Leone. Car Noodles n'est finalement qu'un homme qui n'a jamais pu se résigner à abandonner ses rêves de gosse né pauvre et rejeté. Tout à sa quête de revanche à travers une existence dorée, débridée, il a bel et bien raté sa vie. Passant à côté de l'essentiel : l'amitié ; mais aussi le grand amour que lui offrait pourtant une douce et belle jeune fille.
A l'heure du bilan, il ne lui reste que vieillesse et amertume.
Très beau... Que dis-je, somptueux techniquement parlant, ce 3e opus est surtout une formidable, inoubliable leçon de Cinéma. Il y a tout : la frénésie des scènes d'action et la quiétude des scènes intimistes ; la violence et la tendresse ; l'humour et l'émotion...
Et puis, en tête d'une distribution irréprochable, il y a Robert De Niro-Noodles, prouvant, dans ce rôle phare, qu'il est bien l'un des plus grands acteurs de tous les temps !
Mais, comme dans la pub : "mais ça, c'était avant !"... par exemple "Mon beau-père et moi" !
En fait, pour moi, "Il était une fois... en Amérique" est LE FILM AB-SO-LU !
Il était une fois... un metteur en scène qui avait fait le pari de réaliser le plus grandiose hymne cinématographique sur les Etats-Unis légendaires.
C'est triplement gagné !
Avec, en guise d'apothéose, ce "Il était une fois... en Amérique", mettant dans tous les états !