Ah qu'elle est belle cette dernière trilogie du maestro ! Qu'elle en impose, qu'elle est grande ! Et en plus elle s'avère des plus cohérentes : son premier volet fait dans le western spaghetti classique, le deuxième ose une transition avec le monde moderne (la moto), et le troisième nous parle du cowboy au temps de la prohibition : le gangster.
Le plus drôle dans tout ça étant le surnom que Sergio Leone donne au héros d'Il était une fois en Amérique : "Noodles" (nouilles) - nouvelle figure du "gangster spaghetti" ! ;)
Le réalisateur allait prématurément tirer sa révérence après ce film alors qu'il avait pour projet - étonnant - le siège de Léningrad... Mais place au très-long métrage qui nous concerne ici...
La prohibition donc. Et sans rien dévoiler de l'entame, il faut bien admettre que ça commence très très fort ! Le sang coule dès les premières minutes - pour ne pas dire secondes - à un rythme effréné, même si on ne comprend pas encore grand-chose aux tenants et aux aboutissants de l'intrigue, un peu comme le personnage brillamment incarné par Robert de Niro se laissant aller à quelques plaisirs opiacés... Mais qu'importe, l'atmosphère presque surréaliste - mais totalement nostalgique - imprimée par la qualité de la réalisation associée à la sublimissime musique d'Ennio Morricone nous scotche au canapé. Car franchement, les 40 premières minutes atteignent comme jamais la perfection cinématographique, à l'image de cette transition bouleversante lorsque Noodles épie l'ange de sa vie (magnifique petite Jennifer Connelly) qui virevolte aux poussières d'une pièce d'un blanc virginal. :')
Cette perfection ne pourra bien évidemment pas persister plus de 3h30 durant, mais faut pas déconner non plus, la suite réservera son lot de grands moments. Moments divisés en trois grandes périodes de la vie de Noodles : son enfance de petite frappe arpentant les rues fumantes de New York (rencontre avec son "alter-égo" Max, la charlotte russe, le flic en flag, les caisses remontantes) jusqu'à sa conclusion tragique ; puis l'âge adulte à sa sortie de prison (Peggy la cochonne, Joe Pesci, la nympho pas fière, le deal, le bébé, la revue de teubs, le syndicat) jusqu'à ses différences de points de vue, voire de "rapports", avec sa douce et avec Max ; enfin, le vieux Noodles, de retour à New York 30 ans après, afin de se recueillir sur la tombe de "trois" de ses compères d'alors...
Sur cette dernière partie quelques détails m'ont quand même un peu chafouiné, et notamment la jeunesse éternelle de Déborah que son masque de (dé)maquillage (procédé malin sur le papier) ne pourra suffire à rendre crédible (elle devrait avoir entre 55 et 60 ans quand même !). Un peu comme ces révélations, puis le dénouement avec le camion-benne, à peine croyables... En même temps, ces rares "énormités", et à la limite quelques micro-longueurs, s'avèrent bien les seules choses que je pourrais trouver à redire sur ce dernier film - aux quelques plans larges des plus magnifiques de l'histoire du cinéma - du non moins génial Sergio Leone.
Quant à ce plan final sur la trogne de Noodles, tentant d'échapper à sa réalité avec semble-t-il un certain succès court-termiste... Mamamia quel résumé de l'oeuvre ! Frissons garantis.
Grazie milione e Ciao, Sergio !