Il était une Fois la Révolution est le dernier Western de Sergio Leone où il signe le scénario avec Sergio Donati, qui avait déjà collaboré avec Leone sur Et pour Quelques Dollars de Plus et Il était une Fois dans l'Ouest.
Ce film a la particularité d'être tourné en post-synchronisé, technique utilisée principalement dans le courant du néoréalisme italien pour compenser les tournages fréquents et les moyens modestes en gardant un son direct de qualité. Cette technique consiste à remplacer des dialogues dont la prise de son originale ne permet pas une exploitation satisfaisante pour le mixage final, voire pour améliorer le jeu des comédiens.
Il était une Fois la Révolution est le deuxième volet de la trilogie ; Il était une Fois, qui avait donc déjà un premier épisode : Il était une Fois dans l'Ouest traitant de la conquête de l'ouest. Puis une suite, Il était une Fois en Amérique traitant principalement de la prohibition.
Ce deuxième épisode de la trilogie traite quant à lui, la révolution mexicaine déclaré par Fransisco I. Madero après la fraude électorale de Porfiro Diaz !
Depuis l'essentiel de son histoire, le Mexique a été dominé par une petite élite qui ne laissait que les miettes aux habitants mexicains amenant des figures tels qu'Emiliano Zapata au sud du pays, et Pancho Villa, au nord à mener les plus démunis au front pour clamer leur indépendance et leur ras-le-bol de l'oligarchie !
Le film nous contera l'histoire de deux personnages : un pilleur de diligences à la famille qui ferait rougir Steve Martin dans Treize à la Douzaine, Juan Miranda joué par Rod Steiger, et un Irlandais membre en fuite de l'IRA, spécialiste en explosifs, John Mallory joué par James Coburn. Juan verra en John le complice idéal pour le braquage de la banque de Messa Verde, qui est selon lui remplie à ras bord d'or !
Sauf que la rencontre de personnages tels que le Docteur Villega joué par Romolo Valli ou encore le Colonel Gunther " Gutierez " Reza joué par Antoine Saint-John (cocorico !) feront en sorte de changer " leur " trajectoire initiale ...
Ma séquence préférée du film, est le passage où Juan et John après avoir défait les soldats de Gutierez se retrouvent dans une grotte (en référence au massacre des fosses ardéatines du 24 mars 1944) où l'on peut voir les révolutionnaires ainsi que les enfants de Juan malheureusement morts ... Juan décidera de les venger, tandis que John partira de l'autre côté pour voir un autre massacre, où il pourra voir bien installé dans un camion, le Docteur Villega ... et c'est à ce moment que Leone a décidé d'en montrer davantage sur le passé de Mallory en Irlande afin de faire un parallèle entre Villega et son meilleur ami que l'on pouvait voir plus tôt dans le film.
L'une des grandes forces du film est sans conteste : ses personnages !
En effet, Juan malgré ses airs patibulaire, est quelqu'un de très conscient de son environnement et de sa place dans le monde qu'il occupe, il sera contre la révolution, préférant mille fois considérer son pays comme lui et sa famille point barre !
Il prend la révolution comme un cycle qui consiste en : des pauvres gens meurent de faim et n'en peuvent plus des conditions de vie précaire dans leur société, des gens leur promettent une révolution pour améliorer leurs vies, ils la font, ils meurent durant en renversant leurs dirigeants, pour finalement que les plus nobles du mouvement prennent la place des anciens dirigeants en discutant autour de festins, alors que la situation des plus pauvres ne s'est que sensiblement amélioré ...
John quant à lui est plus idéaliste malgré son côté taciturne et moqueur.
Son passé en Irlande le hante ... à tel point qu'il a changé de nom pour John à la place de Sean ! Il ira également jusqu'à se dédier aux explosifs comme si plus rien d'autre ne comptait à ses yeux pour créer des mélanges incroyablement efficaces. Il a trouvé dans cette révolution, un moyen de pouvoir retrouver l'idéal qu'il avait, mais comme en Irlande, il trouvera à nouveau des chefs qui pour sauver leur peau, dénoncent sans vergogne ... finalement, il trouvera dans la personne qu'il avait l'air de respecter le moins ; Juan, un ami et une personne bien plus respectable et humaine, bien qu'il soit un voleur !
John est également un lecteur du Patriotisme de Bakounine, l'un des fondateurs de l'anarchisme. Il était un opposant de Marx et un révolutionnaire considéré comme utopiste avec qui on peut trouver des points commun avec John.
Concernant la fin, comparé à Il était une Fois dans l'Ouest qui se finissait sur la ville des McBain, symbole d'espoir, et Il était une Fois en Amérique sur une plongée sur Noodles comme si sa vie à l'instar de la philosophie samurai, n'était qu'un rêve.
Il était une fois la Révolution quant à lui, se finit sur la mort de John avec le visage dépité de Juan, symbole de désillusion. Si ses trois films se parlaient, il y aurait-il une sorte de cycle avec l'espoir, les désillusions et le rêve qui ne ferait que de se répéter ?
Pessimiste certes, mais quand on voit les films de Leone cette hypothèse à l'air probable, d'autant plus quand on prend les fils rouges de cette trilogie : le double thème du duo et de la désillusion.
Le film parle de la quête d'un idéal révolutionnaire qui permettrait au peuple de se distancer d'élite voulant le contrôler pour se suffire à lui-même en prenant le pouvoir par ses propres moyens, ainsi que de la fin d'un genre par sa date de sortie (1971), le Western Spaghetti, que Leone rendra populaire, grâce à sa trilogie du dollar et Il était une Fois dans l'Ouest.
Niveau réalisation, après avoir vu Il était une Fois dans l'Ouest, c'est sûr que la claque est moins forte, mais encore une fois, les cadres et le découpage sont parfaits, et on sent comme toujours, la vision de Leone !
Sans parler des acteurs, le duo Coburn / Steiger marche du tonnerre et ont leurs répliques cultes telles que : Mèche courte, connard ! ou Duck, you sucker !
Pour parler de la musique, Morricone a encore frappé !
Dans cette BO, il a réussi à capturer la promesse d'un monde meilleur auquel certains personnages du film aspirent pour se faire rattraper par les faits ... et ce thème principal ... si différent de ses autres thèmes principaux, mais si " beau " et puissant à la fois !
La musique a encore une fois été utilisée durant le tournage des scènes pour permettre aux acteurs de mieux rentrer dans l'ambiance.
Pour conclure, Il était une Fois la Révolution capture comme son ainé et son cadet, des vies sublimées par l'effort commun de Sergio Leone et son équipe, bien qu'il restera le moins impressionnant dû à des frères qui ont révolutionné le 7ème art !
Merci à tous d'avoir cette critique et n'hésitez pas à voir la trilogie Il était une Fois !