Typique du cinéma de Georges Lautner deuxième génération, « Il était une fois un flic » baigne dans une ambiance sixties et cartoonesque qui a fait le succès du réalisateur dans les années 60. Il traverse cependant une période où il se cherche un peu au début des années 70 sans son habituel compagnon de route Michel Audiard. Pour ce film, c’est Francis Veber, qui n’a, à l’époque, pas encore signé le moindre script marquant, qui l’accompagne. Si sa patte est reconnaissable (Campana est déjà là), elle n’est pas encore totalement maîtrisée. On retrouve l’attachement du scénariste à ses personnages, même aux deuxièmes et troisièmes rôles, le goût du bon mot et une certaine aisance à raconter les rencontres difficiles entre gens à la personnalité assez éloignée les unes des autres. Sur ce plan-là, le film est une entière réussite, consistant en une somme de personnages mal assortis et confrontés les uns aux autres, le duo Michel Constantin – Mireille Darc en tête.
Malin, Francis Veber ne tombe pas dans le piège de la romance improbable. Il préfère intégrer un gosse turbulent au milieu de ses deux têtes d’affiche, introduisant à cet endroit la plus habile dose d’humour du film. C’est bien mieux, en effet, qu’une bête histoire d’amour. Michel Constantin flanqué d’un marmot insolent, en termes d’efficacité, il n’y a pas mieux même si le jeu de l'acteur est parfois limité. On se délecte également du rôle et du jeu de Michaël Lonsdale ou encore de l’excellent Daniel Ivernel qui font de l’ensemble une belle galerie de personnages. Dommage que l’intrigue policière soit si mince et que Georges Lautner hésite entre le réalisme de ses personnages et le burlesque de nombreuses situations. Le résultat se révèle, à ce titre, parfois bancal, c’est regrettable.
On est cependant en présence d’un cinéma français de bonne tenue à la fois léger et intelligent. Le rythme est soutenu, l’interprétation irréprochable, l’ambiance très pop. En somme, c’est du divertissement comme on ne savait bientôt plus en faire. Pas un grand film, mais un cinéma, malgré tout, de qualité. Une nuance qui en dit beaucoup sur ce qu’était encore le cinéma français dans les années 70.