Aborder un sujet aussi difficile que la pédophilie nécessite une belle dose de détermination et de talent. Sur la base d'un script riche de paradoxes, Baran bo Odar en fait le point névralgique d' Il était une fois un meurtre.
Avec un tel matériau, il aurait été facile d'investir un propos purement réquisitoire. Il était une fois un meurtre déjoue au contraire les pièges du manichéisme, tissant des liens complexes entre des personnages qui subissent en secret leurs névroses : pulsions interdites, désir de vengeance, deuil inacceptable... A cette toile de fond, le cinéaste ajoute une forme très solide. Rythmé par de longs travellings aériens, Il était une fois un meurtre profite d'une mise en scène scène à la fois ample et intimiste qui évoque sans rougir le Mystic River de Clint Eastwood. Davantage encore que le diamant noir du maître américain, le film de Baran bo Odar dessine une tragédie à ciel ouvert où l'innocence n'a plus sa place, sinon celle de ses très jeunes victimes.
Sans compassion pour les coupables mais avec une affection sincère pour tous ses personnages, le cinéaste signe un superbe voyage en forme de cauchemar à visage humain. Les plus sceptiques verront sans doute dans la conclusion douce-amère du film une absence douteuse de parti-pris. Elle souligne au contraire la note d'intention principale du long-métrage : questionner les limites entre justice et loi, et non pas les définir.
Sans être un grand film, voilà l'une des surprises les plus marquantes et oubliées de l'année 2011. D'ailleurs, c'est quand ils veulent le DVD en France !