Genre tombé en désuétude avec la guerre du Vietnam, le film de Seconde Guerre mondiale fut brutalement remis au goût du jour par Steven Spielberg en 1998, avec "Saving Private Ryan". Le succès et l'impact de cette œuvre seront tel que bon nombre de séries, films, et même jeux vidéos se ré-intéresseront à ce conflit des les années qui suivirent.
"Saving Private Ryan" est célèbre pour sa séquence d'ouverture particulièrement sauvage et réaliste, évoquant la première vague de débarquement à Omaha Beach le 6 juin 1944. Cet uppercut introductif de 25 minutes, bien loin de la bonne humeur d'un "Longest Day", montrait à l'époque une férocité guerrière rarement vue à l'écran ! Images grisâtres et pluvieuses aux couleurs désaturées, montage sonore travaillé, morts douloureuses, effluves de sang et cadavres meurtris, reconstitution détaillée des équipements militaires, caméra à l'épaule tournoyant autour des individus désemparés, angles d'obturation faible permettant de renvoyer une impression d'images saccadées : des techniques percutantes, qui nous envoient en pleine figure la saleté et la brutalité du conflit.
Passée cette énorme claque, l'intrigue s'intéresse à un groupe de soldats chargés de retrouver un parachutiste, dont les trois frères ont été tués, pour le renvoyer chez lui. Un scénario qui aurait pu dériver vers le pathos ou le patriotisme gratuit, mais Spielberg le traite avec subtilité. Il pose davantage la question du mérite et du devoir : faut-il sacrifier une escouade pour sauver un homme ? Un objectif aussi simple n'est-il pas absurde devant la complexité tactique des opérations ?
Des questionnements moraux soutenus par les techniques évoquées ci-dessus. Questionnements qui permettent surtout de développer ses personnages, en particulier le capitaine joué par Tom Hanks, homme initialement non destiné à la guerre mais qui prend son devoir à cœur. Ses hommes incrédules devant une mission aussi improbable. Et Matt Damon, excellent choix pour ce soldat important malgré lui.
Après "Schindler's List", Spielberg pond donc un autre classique du film sur la Seconde Guerre Mondiale, qui marquera au fer rouge le genre.