"Every man I kill, the farther away from home I feel."

Un groupe d’individus. Une famille menée par un homme âgé. La blancheur immaculée des tombes. Le silence. Des pleurs. Flash-back. Un groupe d’individus. Des étrangers. Il pleut, il fait sombre. Gros plans sur les visages. Des soldats. La peur. Le vacarme des tirs. Pendant trente minutes, le contraste saisissant entre notre réconfortant présent et l’horreur passée de la seconde guerre mondiale nous assaille. Steven Spielberg a sans aucun doute concocté l’introduction la plus percutante de ces dernières années.

Au-delà des images chocs, « Il faut sauver le soldat Ryan » est un film de guerre quatre étoiles. À la différence d’un « Lettre d’Iwo Jima », le film de Spielberg peut se vanter d’avoir une toile de fond, si infime soit-elle. C’est en effet le parcours du Capitaine Miller et de son équipe qu’on suit. Détachés du front, ils ont pour mission de retrouver un soldat, unique fils survivant d’une ménagère américaine. Ainsi, une petite réflexion nous est donnée sur la valeur d’une vie. Combien d’hommes doivent être sacrifiés pour ce soldat ? Mérite-t-il même tant de sacrifices ? Des questions de moralité qui hantent régulièrement le capitaine et ses recrues.

En leader charismatique, Tom Hanks est impeccable. Miller est dur en surface, mais les blessures causées par la guerre sont apparentes. Jackson, Upham, Horvath, Wade, Reiben, Mellish et Caparzo sont quant à eux moins fouillés, mais bénéficient tous de leur quart d’heure de gloire.

Pour son premier film traitant du front, Steven Spielberg signe une œuvre de qualité, avec des acteurs au summum, une photographie à tomber et une mise en scène soignée.

Il faut cependant souligner l’exagération patriotique du traitement de cette histoire. « Il faut sauver le soldat Ryan » est tourné comme un film 100% américain, où le drapeau des USA flotte fièrement en ouverture et fermeture de film. Pour une histoire se déroulant sur un territoire français, on ne remarquera aucun soldat français, seulement deux citoyens et leur petite fille sans défense. La vision du réalisateur et de son scénariste de la guerre est faussée par un idéalisme de l’armée américaine et de son fonctionnement. Hormis le fait que de rechercher un garçon dans le but d’épargner sa pauvre mère me semble peu probable, je trouve irréaliste de raconter une telle histoire sans rencontrer aucun soldat français en chemin. Un défaut infime, lorsque l’on se trouve emporté par une si grande histoire filmée avec autant de talent, certes. Mais tout de même un sacré défaut.

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le 1 mars 2015

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mewnaru

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