Tim,un taulard vieillissant,s'évade de prison avec la ferme intention de faire fortune en dévalisant un transport de fonds.Pour fêter sa liberté retrouvée,il s'offre les services d'une magnifique prostituée,Georgia,dont il tombe amoureux.Il l'emmène alors avec lui et en fait sa complice lors du hold-up qu'il exécute.En 90 Jean-Pierre Mocky était déjà pas mal à la rue et avait des difficultés sérieuses pour monter ses projets.C'est le cas avec cette adaptation d'un polar américain d'Elliott Chaze qu'il a fabriquée à l'économie en occupant lui-même les postes de producteur,réalisateur,scénariste,monteur et acteur principal.Le film eut en son temps un certain retentissement médiatique dû à son affiche représentant deux anges aux sexes très apparents,ce qui amena des associations à protester et la RATP à retirer l'affichage dans les stations de métro,ainsi qu'aux nombreuses scènes de fornication incluses dans le métrage avec en point d'orgue ce gros plan sur le chibre en érection du personnage joué par le cinéaste.Bon,il ne faudrait pas non plus s'enflammer,érection il faut le dire vite car c'est plutôt une demie-molle,et ce n'est évidemment pas la bite de Mocky,doublé pour l'occasion,qui apparait à l'écran.Il avait du reste déclaré à l'époque:"je ne me voyais pas bander devant mon équipe!".Ouais,peut-être aussi qu'il ne se voyait pas bander du tout, pépère.Si on l'en croit il s'agit donc d'un film noir,ce qui est discutable.Certes,la base du script et le déroulement global sont ceux d'une histoire policière classique,mais la vérité est que c'est un film de cul.Le fond de l'affaire est que c'est surtout un film complètement raté.Le scandale ne réside pas dans les scènes chaudes mais dans l'incroyable nullité,pour ne pas dire l'amateurisme,dont fait preuve un mec qui avait quand même plusieurs dizaines d'oeuvres à son actif,et parfois des bonnes.D'accord c'est une production fauchée,mais ça ne justifie pas de louper autant de séquences et de se planter dans tous les domaines.C'est trop lent,il n'y a pas de scénario vu qu'on assiste généralement aux promenades et aux ébats des deux amants et à rien d'autre,des scènes sans aucune utilité viennent faire du remplissage et la direction d'acteur est catastrophique,tout comme la gestion des plans.Il n'y a que deux vrais rôles,ceux de Tim et Georgia,d'autres protagonistes surgissant ici et là,et JP se montre incapable de nous sortir une scène qui soit un minimum crédible.On patauge dans un anti-réalisme total,le réalisateur ne sachant filmer correctement ni une séquence d'action ni une séquence de baise.Quant aux dialogues,c'est le naufrage total.Les répliques d'André Ruellan,charabia exalté à prétention poético-philosophique,sont d'un comique involontaire oscillant entre le risible et l'ennuyeux,et personne n'est capable d'offrir le moindre jeu potable.Les mouvements sonnent faux,les déplacements sonnent faux,et la diction c'est carnaval,on est en plein dans le numéro du gamin de huit ans qui tente désespérément de dégoiser sur l'estrade de sa classe la poésie qu'il n'a pas apprise.Un tel degré d'incompétence dans un spectacle supposément professionnel dépasse l'entendement mais Mocky n'en a cure car l'intérêt pour lui est ailleurs.Il avait à l'époque dépassé la soixantaine mais il continuait à se faire ses actrices,et l'heureuse élue du moment se nommait Lauren Grandt,sublime créature qui était sa cadette d'une bonne trentaine d'années,voire plus.Le but de JP semble donc être de nous éblouir de sa bonne fortune amoureuse en se pavanant à poil tout au long du film en compagnie de cette accorte jeune femme,le genre "matez un peu les gonzesses que j'emballe à mon âge!".C'est d'ailleurs une des rares qualités du film que de nous dévoiler constamment la très esthétique anatomie de Lauren,qui passe les trois quarts du métrage le cul à l'air.Il est moins agréable en revanche de contempler le corps gras et flétri de JP,mais il s'était expliqué à ce propos en déclarant:"si je montrais son cul,il fallait que je montre le mien aussi!".Dont acte.Du coup on a droit à un argument usé de polar,avec le loser flamboyant qui se maque avec la femme fatale et veut accomplir un dernier gros coup,celui qui le sortira enfin de la mouise,et à une prétendue histoire d'amour fou,calquée sur la vie réelle du cinéaste,qui voit le héros s'envoyer sa belle frénétiquement.Cet aspect narratif aurait pu fonctionner si Mocky savait filmer les séances de baise,mais ce n'est hélas pas le cas.Les coïts n'ont l'air de rien et il est clair qu'ils sont simulés,le gars agitant hors cadre sa nouille flasque dans le vide.La tactique est claire,il s'agit de couper la scène brutalement dès que ça devient trop explicite,Mocky le monteur dégainant son hachoir dont il use sans subtilité excessive.Pourtant il multiplie les moments scabreux et Lauren se plie courageusement aux évolutions de la chaudasse caricaturale qu'elle incarne.Tim ne peut pas s'absenter cinq minutes sans qu'elle saute au paf d'un mec,et entre son amant et ses saillies furtives tout y passe,comme on dit dans le porno "tous les trous sont permis" ,et le Pygmalion satyre filme même la nana en train de pisser.Lauren,nonobstant son émouvante plastique,n'a jamais su prononcer correctement une ligne de dialogue et son duo avec un Mocky parlant lui aussi horriblement faux mérite de figurer au Panthéon du cauchemar orthophoniste.Les comédiens,faute de budget,sont principalement recrutés dans l'habituel cheptel des freaks de la Mocky's Team.Ils sont tous affligés de tares physiques et on a de tout,de la grosse verrue,qui disparait à l'occasion comme les coquards de Lauren changent d'oeil,Saint Faux-Raccord priez pour nous,de la cicatrice,de l'obésité,du strabisme,de l'albinos,de l'efféminé,du bafouilleur,du handicapé en fauteuil,ne manque que le nain.Jean Abeillé,Christian Chauvaud,Stéphane Bignon,Jean Cherlian,Alain Fourès,Moïse Partouche ou Pierre Martot,le capitaine Castelli de "Plus belle la vie",viennent ainsi prendre un peu de monnaie vu que JP était à peu près le seul à les employer.Vladimir Cosma a composé une de ces scies aigrelettes répétant inlassablement ses deux accords mais Raoul Coutard,le chef-op historique de la Nouvelle Vague qui était notamment le directeur photo attitré de Godard et Truffaut,signe une belle image qui rend justice aux magnifiques et insolites paysages de l'Ain.