Vous ne verrez plus Youporn de la même manière !
« Aimeriez-vous qu'à l'avenir ce genre de film soit plus présent en salle ? » Question posée par un étudiant en licence cinéma à la sortie du MK2. La bande de gamins qui a déguerpi de la salle dès la première scène gay aurait surement répondu non. Pour ma part, j'aurais tendance à répondre par l'affirmative, mais pour public averti !
Ici nous avons à faire à un HPG multifacette (acteur réalisateur scénariste), piochant dans ses années de making-of pour finalement dénicher une multitude d'entre deux shoots' étonnants, comme des prises hot complètement simulées (HPG appelle ça du 'soft') et cadrées avec esbroufe. Même si le résultat est globalement assez grossier, le harder fétiche de HPG (William Lebris) parvient à démontrer l'ampleur de son talent en rendant plusieurs scènes crédible malgré son kiki tout ramollo. Pas mal !
'Toi et moi, on est des ouvriers !' Ce rapprochement maladroit entre le réalisateur et un jeune noir venu s'essayer au porno replace symboliquement la profession dans la catégorie des sous-métiers. Les participants ne sont autres qu'une main d'œuvre exténuée lorsque les prises s'enchaînent, endolorie après une scène trop hard. D'autres visionnent leur premier enregistrement, des étoiles plein les yeux comme s'ils tournaient le dernier Scorcèse.
Pourtant on en est objectivement très loin ! On ne pourra faire abstraction du ridicule d'HPG, tentant en vain d'improviser le nième scénario débile de sa journée et partant même vers des trips philosophiques hilarants. C'est pourtant cette humilité dont il fait preuve en nous exposant ce film qui en fait sa grande force.
On est en effet très loin de la montagne de muscles, bien membrée et infatigable. Le documentaire est au contraire centré sur le porno bricolé de mauvais goût (oui je crois au porno de bon goût !). Les acteurs sont jeunes, timides, et ne savent pas trop dans quoi ils se sont fourrés.
En montrant l'acteur X qui bosse mais ne jouit pas, le film expose sans tabou le décalage entre les conditions de tournage de la main-d'œuvre pornographique et son effet sur le 'consommateur'. C'est sans doute cette particularité qui laisse le spectateur dans l'ambiguïté de ses impressions. Provoquant l'hilarité comme la gêne, ce documentaire va plus loin que la trash TV habituelle en dévoilant cette face cachée du porno français cheap, pas très fute fute mais complètement assumé.