Peu après la guerre, on suit une famille italienne vivant à Rome où la mère tente d'exister auprès d'un mari violent et autoritaire. Elle trouve du réconfort auprès de sa meilleure amie, ainsi que dans les préparatifs des fiançailles prochaines de sa fille ainée, mais sans qu'elle puisse s'affirmer en tant que femme. Cependant, elle va recevoir une lettre anonyme la poussant à devenir enfin elle-même.
Premier film réalisé par Paolo Cortellesi, Il reste encore demain a été un phénomène en Italie, le plus gros succès depuis La vie est belle. Car, sous cette histoire de femme courage, c'est aussi et avant tout l'éclosion du féminisme chez cette femme, que joue très bien la réalisatrice, le tout à travers un noir et blanc qui rappelle bien entendu le cinéma réaliste des années 1940 ; on pense en particulier à Rossellini dans sa façon de filmer le réel. D'ailleurs, Cortellesi fait vaguement penser à Sophia Loren. Il y a quelques moments d'humour, notamment avec le soldat américain, mais c'est une description assez rude de cette époque, où le mari pouvait frapper sa femme à l'envi, que celle-ci n'avait guère voix au chapitre, comme pour tendre un miroir à notre époque. J'ai par ailleurs un léger bémol sur la mise en scène de ces violences, qui sont stylisées, quand ce n'est pas un moment de comédie musicale, avec en particulier tout un ballet où le mari va battre, frapper, voire tenter d'étrangler sa femme, le tout avec une musique presque guillerette, ce qui est limite d'un point de vue moral.
Mais toute la dernière partie sonne comme un magnifique message d'espoir pour les femmes, pas seulement en Italie, qui est représenté par un évènement particulier, et puis par le caractère de cette fille ainée, jouée par Romana Maggiora Vergano, qui ne cesse de pousser sa mère à se révolter face à ce patriarcat qui l'emprisonne. Jusqu'à ce qu'elle se libère de ses chaines d'une très belle façon. Le succès du film est sans nul doute mérité, il montre une époque qu'on n'espère ne plus voir vis-à-vis de la violence contre les femmes, mais je pense que sans ce côté stylisé, il aurait été encore plus fort.