Adaptation très attendue d’un monument de l’animation japonaise par un des meilleurs cinéastes Coréens en activité, Illang arrive sur nos écrans directement sur Netflix sans passer par la case cinéma et c’est bien dommage, même si cette version live du chef d’œuvre d’Hiroyuki Okiura n’est pas exempte de défauts.
En effet, si le métrage reprend fidèlement la trame de l’anime, il ne parvient jamais à renouer avec la poésie mélancolique et le nihilisme qui le caractérisait (voir l’utilisation très maladroite de la superbe musique de Hajime Mizoguchi). De plus, la métaphore autour du petit chaperon rouge et la romance douloureuse au cœur du récit sont traités différemment et relayés au second plan au profit de la guerre entre services gouvernementaux qui n’était qu’un prétexte dans la version japonaise. On notera également que l’idée très intéressante de resituer l’action du film dans une Corée réunifiée et dystopique n’est jamais vraiment exploitée.
Enfin, la narration se veut plus explicative et moins allégorique ce qui rend l’ensemble beaucoup plus prévisible et vient atténuer la dimension tragique des personnages comme en témoigne le choix de coller un trauma matriciel inutile au héros.
Les fans de l’anime risquent donc d’être déçus car Kim Jee-Won s’éloigne clairement de l’atmosphère intimiste de l’original pour livrer un thriller politique mâtiné d’actionner bourrin.
L’ensemble n’est cependant pas déplaisant à suivre du tout malgré quelques longueurs et ce grâce à une mise en scène efficace (même si Jee-Won est moins ambitieux que dans ses précédents essais) et à des morceaux de bravoure spectaculaires. C’est d’ailleurs lors de la dernière grande scène d’action que Jee-Won parvient enfin à transcender le film original en rendant justice à l’aura inquiétante et prédatrice du mythique Panzer Cop.
Illang est donc un bon divertissement mais qui exige d’oublier Jin Roh et son atmosphère unique pour être apprécié à sa juste valeur. Le film aurait peut-être gagné à ne pas reprendre les péripéties de son modèle et à s’en détacher davantage pour éviter toute comparaison…