Second film réalisé par Andrzej Wajda, Kanal raconte comment un groupe de résistants polonais se terre dans les égouts de Varsovie afin d'échapper aux soldats allemands durant l'insurrection de la ville en 1944.
Je crois bien n'avoir jamais vu d’œuvres de Andrzej Wajda, mais ce film-là est très impressionnant, car il s'agit davantage de la survie que de la guerre, en particulier dans ces égouts poisseux, puants, et qui sont comme un labyrinthe sans fin pour ces hommes et femmes pour qui l'enfer est au-dessus de leurs têtes. D'ailleurs, une voix off nous déclare d'emblée qu'aucun d'entre eux ne survivra, face à la folie ambiante, aux tirs de mitraillette, lancer de gaz lacrymogènes et autres grenades lancés par les allemands à travers les bouches d'égouts. D'ailleurs, il faut souligner le rôle très important de la seule femme de cette résistance, jouée par Teresa Iżewska, qui va se battre non seulement pour elle, mais aussi pour son compagnon blessé et ceux qui ne savent pas forcément manier une arme à l'image de ce compositeur.
La réalisation de Wajda ne fait pas de cadeaux aux acteurs et actrices dans le sens où ils souffrent eux aussi à l'écran, dans ces décors en ruines, puis dans les égouts ou c'est à la limite de l'olfactif quand ils sont aspergés d'eau parce qu'ils chutent ou qu'une grenade explose. On se sent nous aussi sales, mais c'est une guerre horrible dans tous les sens du terme, avec notamment ce plan incroyable où une femme en civière dit vouloir se battre, alors qu'une couverture va glisser et montrer qu'elle a perdu une jambe.
Le film a lancé à la carrière de Wajda à l'international avec un prix cannois et une nomination à l'Oscar, mais c'est une histoire qui sent terriblement le vécu... malheureusement.