Un reproche, d'entrée ? C'est une tranche de vie, il n'y a pas d'histoire ni de créativité. Et puis une heure vingt, ç'a beau être court, c'est beaucoup quand c'est pour enfiler les drames adolescents les uns après les autres. Ça fait un film horrible, pour la bonne cause mais horrible, et un peu rentre-dedans. Les difficultés d'intégration, l'alcool, la drogue, le sexe, le doute... Ça va bien un moment.
Cela étant dit, l'œuvre emploie remarquablement le drame ; elle l'étale et l'égalise de sorte qu'il soit partout, certes, mais le tournage est étonnamment peu dramatique pour selon. Comme si le naturel incroyable des jeunes actrices, masquant tout espoir, avait quand même un corollaire positif derrière les caméras.
Il est dit que l'œuvre s'inspire de l'histoire vraie de la réalisatrice... malgré sa caméra qui joue les voyeuses, s'approchant comme un visage menaçant de celui dont elle guette l'expression (une expression négative, forcément), on n'a jamais l'impression que le fond du film soit malsain. Un regard jeté paresseusement dessus aurait portant toutes les raisons de le croire. Et puis cette caméra, on croirait que c'est un monstre comme elle rôde entre les gens et s'approprie la topographie des couloirs. Elle semble être le reflet de ce que nous ferions si nous avions à visiter en chair et en os le monde de l'œuvre.
C'est une création très désagréable à voir et assez monoculturelle, mais qui cache sa raison d'être au milieu de la négation même de cette dernière d'une façon qui ne peut laisser froid.
Quantième Art