“Vuelven”, (titre original), “Tigers are not afraid” (à l’international), ou encore “Ils reviennent...” (en France), est un film à hauteur d’enfants, une fable sociale à la fois dramatique, onirique, horrifique et fantastique. Le long-métrage de la Mexicaine Issa Lopez, puise pourtant toute sa puissance narratrive dans une sordide réalité, celle des ravages de la guerre des gangs au Mexique. Rien ne laisse présager ce qui va suivre quand la réalisatrice, chiffres à l'appui, nous assène le triste décompte des morts et disparus dû - de près ou de loin - aux narcotrafics. Plus de 160 000 morts et autant de disparus au Mexique en 2006 ! Une guerre qui ne dit pas son nom, mais qui jette des dizaines de milliers d’enfants orphelins livrés à eux-mêmes dans les rues des plus grandes villes du pays. Ainsi, la réalisatrice nous présente Estrella (Paola Lara). La jeune fille rentre prématurément chez elle après une fusillade dans son école. Dès lors, le spectateur prend conscience de l’horreur de la situation. Sans nouvelles de sa mère depuis quelques jours et taraudée par la faim, Estrella semble entendre des voix et voir des ombres. Apeurée, elle quitte sa maison. Elle trouve refuge auprès d’un gang d’enfants menés par Shine (Juan Ramon Lopez), leur chef. Un portable volé par Shine à un homme du Cartel fera de ces orphelins des cibles à abattre, dans une cité qui ne peut malheureusement leur offrir aucun refuge. Issa Lopez - au même titre que Guillermo Del Toro pour “le Labyrinth de Pan” (toute proportion gardée) - insuffle à son drame, comme à son héroïne, une aura fantastique, quand la jeune Estrella se retrouve prise entre deux mondes, celui des morts et celui des vivants ou plutôt - des morts en sursis - tant la limite est ténue dans cette société moribonde et ultra violente qui nous est présentée. Issa Lopez n’en oublie pas pour autant le propre de l’enfance, à savoir, le rêve, la joie, le jeu, bref une insouciance que la mort peut faucher à n’importe quel moment. Tout comme son extraordinaire casting de gamins à la fois tendres et durs, toujours victimes, mais parfois bourreaux, “Vuelven” joue habilement de l'ambivalence des genres !