Ils Sont Partout est un film important, et ce pour 2 raisons. La première tient du fond, car il est toujours intéressant d'avoir une comédie traitant du racisme et de l'antisémitisme. La deuxième est la forme. Il s'agit d'un film à sketch, genre devenu très rare et se limitant quasi exclusivement au cinéma d'horreur. Le film à sketch "comique" est finalement assez marginal, ce qui est assez étrange quand on sait comme le format court se prête à merveille à la comédie. Alors certes, l'on a eu Les Infidèles il y a quelques années, mais avant cela le dernier essai français ambitieux devait être Les Secrets Professionnel du Dr. Apfelgluck en 1991. Autant dire que j'attendais le film sur les deux tableaux! D'autant que j'ai une affection particulière pour Yvan Attal dont j'apprécie le travail d'acteur et de réalisateur (surtout Ma Femme est une Actrice à vrai dire).
La question est donc de savoir comment notre Yvan s'en est sorti de ces deux défis! Et bien malheureusement pas très bien... Alors que la bande-annonce était très drôle, le film lui, ne l'est quasiment pas... C'est d'ailleurs un des gros malaises du film. Par moment je me suis demandé s'il s'agissait vraiment d'une comédie. Même si au vu du casting le doute n'est pas vraiment permis (Benoit Poevoorde, Gilles Lelouch, Dany Boon, François Damiens,...), la mayonnaise ne prend pas. Le ton est satirique mais le trait est grossier et, si l'on sourit régulièrement, on ne rit jamais. Quand au fond, là aussi Yvan Attal loupe le coche. En réalisant un sketch par clichés sur les juifs (ils sont riches, ils contrôlent le monde, ils s'entraident,...), Attal ne met pas le spectateur face à sa propre bêtise concernant ces dits clichés. Au contraire même, en réalisant juste des courts métrages pas très drôles et aussi clichés que leurs thèmes, il a même parfois tendance à renforcer et justifier les préjugés.
Bien entendu, comme toujours dans ce genre d'exercice, le niveau est très variable. A ce petit jeu le sketch sur le mossad et le voyage dans le temps est probablement le pire. Pas assez assumé pour être "wtf", il s'agit juste d'un délire lourd et ridicule. Celui sur la lute de pouvoir au sein d'un couple dirigeant un parti d'extrême droite n'est guère mieux. Même si le couple en question est joué par les excellents Benoit Poelvoorde et Valérie Bonneton, le trait est beaucoup trop gros. Dany Boon et Charlotte Gainsbourg ne s'en sortent d'ailleurs pas mieux. Sensé jouer sur le cliché des juifs tous riches, le sketch n'avance nulle part et semble toujours se demander ce qu'il veut raconter.
Heureusement, deux segments sont plus réussis, tout d'abord, celui, très court, avec Denis Podalydès. C'est le seul qui réussi à être vraiment drôle. Se concentrant sur une seule scène de dialogue entre deux rabbins, il touche dans le mile. Le dernier volet du film est assez réussi également. Le point de départ est ultra simple: Un quadragénaire roux (François Damiens) en a ras-le-bol du monopole de la souffrance juive liée à la shoah et veut une journée des roux. Le déroulement est lui assez bien construit. Souvent drôle et inventif, le film à la très bonne idée de réussir sa chute (et c'est le seul des différents courts à y arriver). La dernière scène (mettant en scène Popeck) est riche en émotion et conclut merveilleusement le récit. Même si les intermèdes entre les différentes histoires sont souvent bien lourds également, Ils Sont Partout arrive parfois à nous montrer ce qu'Yvan Attal avait vraiment en tête en se lançant dans son projet. Les intentions étaient vraiment nobles mais malheureusement l'implication morale et le manque de recul l'ont empêché de réussir son film.
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