Ah là là… L’Académie des Oscars aime décidemment beaucoup trop les biopics. C’est vraiment la seule explication pour que ce film ait pu se retrouver nominé dans une quelconque catégorie.
Attention, j’ai pas dit que c’était de la grosse merde hein, mais bordel… Que ce soit convenu et sans surprises, à la limite, d’accord, mais c’est d’une lourdeur… Au niveau de la réalisation, beaucoup ont décrit ce film comme « classique » mais là c’est plus du classicisme, c’est bien plus bourrin que ça. Là on est dans « La réa pour les nuls », vraiment. Qu’est-ce que c’est que ces putains de flashbacks ultra appuyés (et dont la seule utilité se résume à allonger la durée du film, soit dit en passant) ? Je demande pas non plus la plus grande subtilité du monde mais là, merde quoi, faites un effort…
Un flashback, normalement, ça sert à enrichir l’intrigue, ou le background du personnage. Ici on n’a pas besoin de tout ça, on en comprend déjà bien suffisemment sur Turing. Je vais prendre qu’un seul exemple, mais sûrement le plus parlant, pour m’expliquer un peu: Quand Je-sais-plus-qui dit à Turing un truc du genre « Vous ne deviez pas avoir beaucoup d’amis à l’école », c’est amplement suffisant pour piger ce à quoi il pouvait ressembler gamin. Et là BOUM !! La réplique est à peine terminée qu’on nous balance un gros, que dis-je, un gros, un pachydermique flashback en plein milieu de la gueule pour illustrer pendant vingt minutes ce qu’on vient de nous faire comprendre en cinq secondes… Ça ne sert à rien, bordel de merde, et la quasi-totalité des flashbacks (parce que dans mon souvenir y’en a quand même une belle tripotée) est amenée avec la même lourdeur et se révèle de la même inutilité que celui-là. Un deuxième exemple parce que celui-ci suffit pas ? Très bien. Le fait que Turing baptise sa machine Christopher, si vous avez déjà vu un ou deux films dans lesquels un inventeur, ou même n’importe quel mec, donne un nom à un objet, une création, ou quoi que ce soit de matériel, vous savez que le choix du nom n'est jamais anodin, et à partir de là c’est franchement pas compliqué à comprendre que le mec est homosexuel. Mais encore une fois, cette réplique de quelques secondes est immédiatement suivie d’un flashback illustratif excessivement long et absolument inutile. Et ainsi de suite…
Alors, j’ai parlé que des flashbacks pour l’instant, non ? Ça fait beaucoup de bla bla pour pas grand chose, certes, mais y’en a tellement dans ce film que j’essaie de coller au ton.
Sinon les acteurs sont bons, même si c’est franchement pas une prise de risque d’avoir pris Cumberbatch pour jouer un genre de Sherlock un peu plus « normal » et même Keira Knightley, qui est loin, très très loin, d’être une de mes actrices préférées, campe bien son rôle. Le problème avec elle vient plutôt de son personnage, présent pour coller à la véritable histoire de Turing, mais qui n’a ici aucun intérêt scénaristique véritable.
Quant au dernier quart d’heure du film… On a eu droit à « La réa pour les nuls », préparez-vous pour la suite: « La narration pour les nuls ». On dirait qu’en approchant de la fin, les mecs se sont dit « Merde ! On a parlé du côté scientifique mais on a oublié de parler de l’homosexualité ! » Et du coup on se retrouve avec un film en deux parties équilibrées de façon tout à fait prodigieuse: une première partie d’une heure quarante-cinq, une deuxième de quinze minutes… Une fois arrivé là, on va tenter de fourrer dans le peu de temps qui reste tout ce qui, je pense, aurait pu être ne serait-ce qu’un petit peu développé bien plus tôt, sans pour autant nuire au reste. Là c’est beaucoup trop expédié (je dis « expédié » pour pas dire « torché », comme ça j’ai l’air plus poli) pour qu’on ait le temps d’y prêter attention. Mais c’est pas grave, y’a tout plein de cartons à la fin pour essayer de nous faire comprendre malgré tout que l’homosexualité de Turing et les problèmes que ça impliquait dans la société de l'époque, en fait, c’était quasiment le thème central du film…
Au final j’ai pas grand chose à dire sur le fond du film, je connais très mal la vie et l’oeuvre d’Alan Turing, mais Nom de Dieu, la forme laisse vraiment à désirer. J’ai vraiment l’impression d’avoir vu une bonne grosse dose d’erreurs et de clichés que je pensais ne plus avoir à me farcir de nos jours dans des films aussi « réputés » que celui-ci. Mais le sujet a le mérite d’être intéressant. C’est d’ailleurs ce qui sauve le film.