Alan Turing, père de l’informatique moderne, homme ayant aidé au décodage d’un puissant système de messages cryptés durant la Seconde Guerre Mondiale : Enigma. Sans son savoir-faire et sa capacité à se creuser les méninges, il est très probable que la guerre aurait continuée à sévir, faisant encore des millions de victimes de part le monde. Aujourd’hui ces créations sont utilisées constamment, on les appelle ordinateurs. Et pourtant, malgré tout le génie de l’homme derrière la machine, il y a un problème qui a causé à celui-ci une fin soudaine et désespérée : son homosexualité. Ainsi The Imitation Game fonctionne sur deux points, comme son titre l’indique, le jeu de l’imitation dans la vie de tous les jours, où hommes et femmes s’envoient régulièrement des signaux sans forcément avoir l’outil pour les décrypter, et celui de la guerre où le bluff et la stratégie peut garantir une victoire écrasante. Doté d’une intrigue plutôt solide, mêlant à la fois le film d’espionnage classique et le drame terrible auquel Turing a été confronté, The Imitation Game, malgré son académisme fort présent à l’image, s’avère être un film de grande facture, à la stature haute et sans peur. On y découvre un Alan Turing paria, mis de côté mais qui s’estime suffisamment digne d’intérêt pour qu’on l’écoute, peu importe sa différence. Un récit qui prend encore plus d’ampleur quand il est remis dans le contexte du discours du scénariste, prônant ses disparités, s’enthousiasmant d’être bizarre.
Le récit de Morten Tyldum réussit surtout à remettre à sa juste place un homme qui s’est vu martyrisée par la société quand il lui a rendu des services absolument indispensables. Mis au pied du mur pour une homosexualité « illégale » dans une Angleterre encore très conservatrice, sous castration chimique, l’homme finira par se suicider de dépit. Mais ce dont l’on se souviendra avec The Imitation Game, c’est de la justesse du jeu de Benedict Cumberbatch, qui a réussi à faire prendre forme et à rendre hommage cet homme, sans sombrer dans la performance physique. Un film simple, classique, mais aux grandes ambitions qui aurait mérité plus de récompenses aux Oscars.