Une intensité à couper le souffle
Le film américain-britannique The Imitation Game (2015), réalisé par Morten Tyldum, s’appuie sur la biographie du mathématicien Alan Turing et dévoile l’importance de son rôle durant la Seconde Guerre mondiale.
Bien ficelé, le scénario, à l’espace-temps parfaitement défini, cadre efficacement l’action d’une histoire malheureusement trop méconnue, qui ne peut toutefois pas laisser indifférent. Elle accroche effectivement l’attention, surprend, émeut, révolte, transporte. Le voyage dans les méandres du temps, à travers les bribes de l’existence du héros principal, captive. Le thème présenté, avec ses causes et ses conséquences, marque les esprits.
Soignée, l’esthétique visuelle crée, de surcroît, une ambiance singulière en adéquation avec l’époque entrevue. Les costumes, les plans, les lieux participent à la création de cette atmosphère chargée d’Histoire.
Les répliques percutantes et l’humour finement placé allègent avec brio l’aspect dramatique prédominant.
Le casting est à la hauteur de l’entreprise. Si le doublage français a tendance à effrayer aux premiers abords, Benedict Cumberbatch (Alan Turing) étonne. Au regard de son formidable jeu d’acteur, la version originale doit logiquement être emplie de promesse. Voir Keira Knightley dans la peau d’une femme comme Joan Clarke est une surprise inattendue. Comédiens et personnages offrent, en somme, un délicieux festival d’émotions.
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Pour le moins complexe, le sujet est visiblement traité en surface, de manière à le rendre accessible au grand public. Ce choix de traitement, qu’il soit positif ou négatif selon les diverses opinions sur la question, laisse néanmoins quelques zones d’ombre persister après le visionnage. Le spectateur se retrouve quoi qu’il en soit dans une position réflexive et de “chercheur”. Par ailleurs, le pacte avec ce dernier est respecté, celui même qui annonçait, dès le commencement, une aventure inspirée de la vie du mathématicien et non un documentaire biographique.
Récompensée aux oscars, cette œuvre cinématographique n’a étrangement pas bénéficié de la publicité médiatique qu’elle méritait à l’heure de sa sortie ; seul point regrettable finalement d’un respectable et admirable projet.
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Intense, intelligent, travaillé, The Imitation Game entre dans la catégorie de ces rares bijoux filmiques qui parviennent à transcender le cinéma.