Des secrets bien gardés...
Imitation Game prend prétexte de l'exploration d'un épisode mal connu de la Seconde Guerre Mondiale pour parler d'Alan Turing, le mathématicien qui a cassé le code Enigma utilisé par les Allemands pour garder secrètes leurs communications. Personnage complexe s'il en est, le film emprunte la même voie en choisissant de traiter l'homme, ses secrets et ses fêlures via trois périodes distinctes : son enfance (trauma initial et perte de l'être cher), son oeuvre durant le conflit (comment il a réussi l'impossible) et l'immédiate après guerre et ses puissants carcans moraux.
L'homme est multiple et traité par le film sous quasiment tous ces aspects : génie incompris, personne froide et antipathique, fragile et blessé dans ses sentiments et ses atermoiements. Mais par dessus tout, il est dépeint comme en total décalage par rapport au monde qui l'entoure et ses contemporains, au point parfois de se rendre détestable et incapable d'humour.
Multiplicité des époques et variétés des facettes, le film donne le maximum de clefs à son public pour comprendre la personnalité d'Alan Turing, faisant de l'oeuvre un véritable kaléidoscope ou chaque spectateur aura la liberté de l'appréhender par le prisme de la thématique qu'il aura retenu. Biographie, thriller haletant (la machine va-t-elle fonctionner ? Que faire une fois le code décrypté ?), course contre la montre, Enigmacademy, film d'espionnage light ou à implication sociale, Imitation Game est tout cela à la fois, mais toujours en résonance avec les thèmes récurrents du secret (d'Etat, militaire, sentimental...) et de son corollaire : les apparences à sauvegarder, là aussi dans tous les domaines.
Riche, passionnant, accrocheur, Imitation Game intéresse, séduit et perdure dans l'esprit de son public : LA marque des grands films.