Basé sur la biographie Alan Turing: The Enigma rédigée par Andrew Hodges dans les années 80, Imitation Game revient donc sur le parcours du mathématicien / cryptanalyste et notamment sur son travail de décryptage pendant la seconde guerre mondiale, contribution longtemps restée secrète malgré son importance capitale.
Premier de la prestigieuse Black List hollywoodienne en 2011, le scénario de Imitation Game se concentre principalement sur le Projet Enigma, tout en effectuant quelques bonds dans le temps afin de s'attarder quelques minutes sur l'adolescence forcément chaotique de Turing et sur son interrogatoire par les services de contre-espionnage au début des années 50.
Un parti pris narratif que l'on peut comprendre dans le cadre d'un long-métrage de moins de deux heures, mais qui se voit condamné à ne survoler que certains aspects forts intéressants du sujet, qu'il s'agisse des travaux précurseurs d'Alan Turing sur l'intelligence artificielle ou du regard de l'époque sur l'homosexualité.
Prenant ses distances avec les faits réels, Imitation Game, s'il bénéficie d'une reconstitution soignée, se contente finalement de dérouler une intrigue classique, réduisant considérablement la portée d'un tel destin en le transformant en énième génie asocial dans la lignée d'un A Beautiful Mind. La mise en scène académique et ampoulée n'aide en rien, rendant l'ensemble ennuyeux et banal.
Si Benedict Cumberbatch s'en sort avec les honneurs en lieu et place de Leonardo DiCaprio, prévu au départ, la trop forte ressemblance de son personnage avec celui qui l'a rendu célèbre (Sherlock Holmes pour les cancres du fond) nuit un tantinet à l'immersion d'un film trop propre, trop évasif pour prétendre à autre chose qu'à une simple évocation scolaire.