Faire basculer la Seconde Guerre Mondiale avec des mots croisés, c'est le défi que s'est un jour lancé, et qu'a relevé, Alan Turing. Mathématicien surdoué, genie démentiel et sociopathe (c'est du moins ainsi que le film nous le présente), Turing va devoir faire avec les parasites qui l'entourent ( la hiérarchie du département de la défense, ses collègues désignés, les codes et conventions sociales de son époque) pour construire SA machine de déchiffrage: Christopher. Christopher aura ensuite pour but de déchiffrer tous les messages d'Enigma, le système de codage ultra sophistiqué des nazis, réputé inviolable.
L'histoire est passionnante, pour qui s'intéresse un tant soit peu à l'histoire. Comment cet homme fera-t-il pour faire basculer le destin de millions de personnes? On connaît la fin, mais on ne connaît pas les étapes par lesquelles il est passé pour achever son exploit. Et c'est ce que nous raconte Morten Tyldum.
Et il la raconte bien. La trame narrative est parfaitement rythmée: le film nous captive du début à la fin. Certes, il est en cela bien aidé par l'intérêt que peut avoir le spectateur pour l'histoire brute, mais il y participe aussi à travers une science de la narration clairement maîtrisée. Le montage est parfait. On passe rapidement des scènes d'intérieur, avec des dialogues ciselés et utiles à l'intrigue, aux scènes d'extérieur qui montrent bien le contexte.
Mais, car il y a un mais, la mise en scène est d'un académisme à faire peur. Rien d'original, pas une once d'inventivité. La musique, pourtant orchestrée par Alexandre Desplat, est lourde car trop répétitive. Le cinéaste n'apporte rien à l'anecdote historique. Du moins rien de cinématographique. Seulement de la romance, qui aurait aussi bien pu être transcrite dans un roman, par définition. Aucune émotion, aucune empathie pour les personnages,
Un film intéressant et bien rythmé, mais bien trop classique, aussi bien sur le fond que sur la forme.