Certaines rencontres contre-nature accouchent parfois d’œuvres surprenantes, sur lesquelles on aurait pas parier un kopeck. Prenez ce Michael Monan. Auteur d'une apparemment sympathique série vintage avec Everything Sucks, puis de The Voyeurs, thriller noyé dans la masse, le voici aux manettes d'un projet horrifique dans la lignée de la nunsploitation des années 70-80. Un genre qui a accouché de péloches plus (Les Diables, L'Ange de la vengeance) ou moins (L'Autre Enfer) cultes aujourd'hui. Récemment remis au goût du jour via la catastrophique saga La Nonne, dérivé mercantile et opportunistes de l'univers Conjuring, il n'y était jamais vraiment question de l'anxiogène vie monacale, seulement le prétexte pour ressasser les sempiternelles schémas d'affrontement catholicos-démoniaques. On était plus proche des films d'exorcisme que des frasques sulfureuses d'antan. Ayant réussi à ramener dans ses valises son ancienne collaboratrice mais désormais très demandée Sydney Sweeney, le réalisateur américain assume une radicalité qui fait plaisir à voir en ces temps de vache maigre horrifique.
Fuyant les Etats-Unis après la dissolution de sa paroisse, la jeune sœur Cécilia fait ses vœux au sein d'un illustre couvent de la campagne italienne. Tandis qu'elle se lie d'amitié avec une fuyarde moins portée sur la lecture des textes sacrés, les événements étranges se font de plus en plus insistant. De prime abord, rien de foncièrement original. La première partie installe son décor, ses protagonistes mais distille déjà une angoisse cléricale en décalage des œuvres actuelles. On prend le temps de découvrir les lieux et ses habitants, ces vieilles nones alitées ou ayant perdu la raison. Des comportements énigmatiques font émerger une ambiance cabalistique, comme si l'imagerie chrétienne ne pouvait qu'engendrer le malin. L'immersion fonctionne à plein régime car tout paraît simplement mieux pensé, plus organique, avec cette volonté permanente de créer une horreur qui colle à la peau, loin des délires spirituels habituels. Chaque cadre est réfléchi, donnant parfois lieu à des compositions dantesques bonifiées par un montage aéré et à mille lieux des procédés actuels qui craignent de perdre l'attention du public toutes les 3 secondes. Les décors apparaissent écrasants, la photo flirte avec le rendu granuleux des bobines d'exploitation d'époque tandis que les éclairages n’assombrissent pas inutilement l'image. Plus cruelle qu'à l'accoutumée et rapidement exécutée, l'introduction promettait d'emblée un récit moins grand guignolesque et une violence plus franche. La suite du récit ne s'y trompe pas.
Impossible d'en dévoiler plus pour ne pas entamer le plaisir de la découverte en salles, mais l'intrigue inverse habillement la dynamique du catho-porn habituel. Pas de démon farceur ou d’entité maléfique, mais un mal plus enfoui, profondément humain. Dès lors, les quelques jump scares putassiers des débuts (bien qu'un en particulier s'avère redoutablement efficace) disparaissent pour laisser place à une horreur beaucoup plus frontale, dont les saillies gore risquent de marquer la rétine de quelques spectateurs. Quel plaisir de retrouver sur grand écran des excès propres au genre, trop souvent laissés au placard pour garantir un audimat plus conséquent dans les multiplexes. Alors que la folie gagne le couvent, que chacun progresse dorénavant sans masque, Immaculée s'embarque dans une dernière partie qui frôle le survival pur et dur, jusqu'à un climax d'une méchanceté assez inouïe. Pas de clémence, pas de pardon, Dieu n'aime pas les imitateurs.
Bien qu'il ne réinvente pas la poudre, le long-métrage de Michael Mohan apparait bien plus soigné que le tout venant horrifique grand public. Profitant d'un scénario plus hargneux qui tacle à la gorge le fanatisme religieux, et malgré quelques grosses facilités d’écriture,
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