Fraîchement débarquée dans un couvent au fin fond de l'Italie, la jeune Sœur Cecilia (Sydney Sweeney) prononce ses vœux puis se voit confier un rôle qui la dépasse tant sur un plan physique que spirituel.
À ceux qui ne se sont pas un jour où l'autre frottés à la "nunsploitation" risquent fortement de se prendre la porte du confessionnal en pleine poire. Et pour cause, en dehors de son amorce purement horrifique (et décevante) et de ses débordements gores de dernière bobine, Immaculate est un authentique mensonge pieux plastique et thématiques de premières minutes. Un leurre pour le spectateur voire une antithèse du genre. Non que l'on se gausse du film de nonnes mais l'ensemble a toujours eu le bis inscrit sous la soutane et c'est rarement penché sur l'étude théologique pure mettant à l'épreuve les sciences et leurs rationalités. Ainsi, on peut percevoir assez rapidement le sérieux de l'entreprise, le soin apporté à la photographie, à la production design ainsi qu'à l'élégance des mouvements de caméra. Nous sommes en terre artistique (pas chez Diderot tout de même) et tout cela est traité sans aucune désinvolture. Il y est donc question d'Art Roman comprenant des plans frontaux d'une architecture datant du Moyen-Age avec ses nefs, ses croisées, ses façades ocres et autres composantes structurelles. Le décors ainsi magnifiquement planté se gaine d'un discours sur le renoncement d'un prêtre envers les sciences pour épouser la religion. La proposition enfle comme si son dessein était de nous révéler quelques secrets enfouis sur la foi mais surtout de modifier son déroulé horrifique ordinairement digérable.
L'arrivée au couvent de Soeur Cécilia est bâtit sous l'ère post giallo de Dario Argento pour finir sa course à l'orée des années 70 avec en visée le Rosemary's Baby de Polanski. Si Suspiria est évoqué, ce n'est nullement sur sa colorimétrie spécifique mais sur son travail géographique des lieux -difficile d'y trouver ses repères- son héroïne accolée à une voisine de chambre à la langue bien pendue et bien entendu ses silhouettes nocturnes gémissantes. On peut même y tendre l'oreille et y percevoir un succédané des accords métalliques, référence musicale au Goblins. Le classique de Polanski constituant de son côté, la vulnérabilité de la femme portant l'enfant en elle sous la forme du "Body Invasion". Ici, il y est non moins question d'un retour du Christ sur les terres habritant le Vatican...
La structure référentielle mais aussi l'enveloppe esthétique vont bientôt se déliter pour révéler la véritable nature du genre. L'idée reste de donner en pâture à l'auditoire, le film de genre qu'il est venu réclamer soit un morceau de pellicule se vautrant dans la facilité narrative et l'effet "gros nez". Immaculate se nourrit donc du formidable teasing qu'il a lui-même mis en place pour en régurgiter les poncifs de l'horreur sous toutes ses formes connues : une esthétique du sang et la frousse aux quatre coins du cadre. Les plus malins, quant à eux, disserteront une fois encore sur la condition féminine et sa grossesse non désirée. De notre côté, on aurait aimer voir la frontière disparaître entre la notion du bien et du mal et définitivement embrasser les écrits découverts par Cecilia: Corinthiens 11:14
"Et cela n'est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière."