Même la fête du cinéma semble faire grise mine : en effet, alors que le masqué pensait passer une nouvelle séance en enfer peuplée d'ados remuants et sonores, il a eu la surprise d'apprécier Immaculée dans une salle quasi déserte, même à cinq euros la séance et pour un genre habituellement très mal fréquenté.
Si même les habitudes les plus ancrées se font la malle, que reste-t-il ma brave dame ?
Hé bien il reste un film contrasté, qui semble à son meilleur dans son premier tiers dès lors qu'il s'agit de porter à ébullition sa tension qui ne retombe jamais et qui paie son tribut tant à Rosemary's Baby qu'à certains films transalpins des années soixante-dix dont il parvient à capturer un certain esprit. Il faut dire que la majesté de ce couvent aide un peu, par ses décors à la fois très esthétiques et oppressifs. Et quelques bonnes scènes de trouille aussi, il faut bien l'avouer.
Immaculée insuffle dans l'esprit du spectateur un feeling ambivalent, tenant en premier lieu au gouffre des générations mises en scène, entre jeunes novices et nonnes évoluant dans leur dernière demeure terrestre.
Une ambivalence qui déteint quelque peu sur sa structure : si le premiers tiers promet beaucoup et fait évoluer une paire de personnages secondaires intrigants que l'on a envie de suivre, et si la dernière ligne droite plonge avec délice dans un labyrinthe puis dans une certaine noirceur surprenante, l'oeuvre a la très malheureuse idée de vendre la mèche de son mystère dès son acte central, donnant l'impression de patiner un tantinet par la suite par manque de cartouches.
D'autant plus que son pourquoi apparaîtra un poil déceptif, même s'il évite l'argument habituel des oeuvres modernes du genre.
Car peut être que le masqué se faisait des idées, mais il s'attendait à renouer avec les fantômes du passé et à voir à l'écran un matériau plus impur, voire pervers et malaisant. D'autant plus que Immaculée offrait, par certains éléments, assez de matière pour emprunter cette voie du péché.
Mais cette déception relative ne fera pas oublier au masqué qu'il reste malgré ce défaut un B movie plutôt bien troussé portant une charge contre le fanatisme religieux, mais surtout un discours sur la dépossession du corps de la femme que Cécilia, le personnage principal ne cessera jamais de tenter de réinvestir. Une thématique illustrée d'une paire de très jolies séquences qui transforment la très inspirée Sidney Sweeney, qui montre bien plus à l'écran que dans le désastreux Madame Web, en véritable madone.
De quoi donc terminer sa prière par un "... Et spiritus sang-ti" qui ne fera pas tâche dans le décor proposé par l'oeuvre.
Behind_the_Mask, en cloque, mode d'emploi.