Impitoyable (finalement nous dirons plutôt « Unforgiven » afin de mettre en abyme la traduction ô combien moisie du titre original) consiste en une réelle cassure avec ce qu’a pu faire Eastwood en tant qu’acteur dans des westerns antérieurs. En effet, Clint troque son statut de tireur hors pair contre celui d’un vieux tueur repenti qui tente tant bien que mal de ne pas retomber dans les vices de sa jeunesse cow-boyesque. Un vieil alcoolique qui en a plus que marre de sa vie de fermier à trainer dans la boue pour s’occuper de ses cochons et qui décide finalement de ressortir son pétard et son bourrin pour une cause moyennement valable.

Clint Eastwood en tant que réalisateur dépeint alors le portrait d’un homme dépassé, incapable de tirer une conserve à six mètres de distance ou de monter à cheval partant avec son ami campé par le très juste Morgan Freeman sur la trace de deux malfaiteurs, tailladeurs de putains. Sauf que voilà, rattrapés par la sagesse de leur âge, les deux vieilles pousses n’ont plus le même entrain à l’idée de jouer les cow-boys et de tirer sur tout ce qui bouge, la première révolution industrielle est arrivée et le Far West sauvage sans lois qu’ils ont connu semble s’éloigner.

Les gueules emblématiques s’enchainent, Little Bill, le shérif de Big Whiskey, English mob, un tueur monarchiste et nos 3 anti-héros : William, Ned et The kid. L’interprétation est toujours sans faille et laisse apparaître un trait d’esprit rarement (ou jamais ?) traité, la difficulté morale qu’un gros dur apparent peut avoir à ôter la vie d’un homme pour l’argent, bien qu’il soit le plus grand salopard au monde, la motivation pécuniaire n’est pas suffisante. Lorsqu’en revanche, le crime est motivé par la vengeance personnelle, on notera l’aisance particulière de Clint avec son six-coups bien huilé.

Pour résumer, c’est l’originalité de ce Western qui le détache des autres, tout est bien réalisé, les scènes justement dosées, jamais trop longues ou trop courtes. A n’en pas douter un des immanquables des années 1990.
Deleuze
8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 100 d'après l'ouvrage "Cinéma" de Ronald Bergan, Le Cinemasutra aux éditions Senscritique, Une année, un film et Gueules de cinéma: Clint Eastwood

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le 9 juil. 2013

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Deleuze

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