On ne va pas se le cacher, même si on l'associe souvent à des adjectifs gratifiants et qu'on s'en émerveille, la randonnée, la marche à pied, balade (appelez là comme vous voulez) reste, on ne va pas se le cacher, une activité des plus chiantes (calmez-vous, j'en suis un grand amateur). D'ailleurs les adjectifs gratifiants en question ne ciblent bien souvent pas les X kilomètres parcourus dans leur ensemble mais des moments particuliers bienvenus. Un paysage à couper le souffle, un chamois paisiblement en train de déféquer entre les fougères, un saumon effectuant un triple lootz piqué hors de l'eau, un arbre mort diforme sorti tout droit d'un film de Tim Burton, la carcasse d'un hérisson à la merci d'une colonie de fourmis en plein Black Friday sont autant de petits bonheurs qui jalonnent un parcours bien souvent réduit à regarder où l'on met les pieds.
Et ça, In a violent nature l'a bien compris !
Parce que Johnny, son truc, c'est la promenade, y'a pas de doutes. La promenade tranquille, sans pression, même dans une nature hostile car Johnny ne doute pas de ses capacités. Faut avouer qu'être déjà mort lui offre pas mal d'avantages en terme de résistance. Et même si Johnny a un objectif en tête, il sait profiter du paysage, ponctuer ses pétégrinations de petits pics fugaces dans une routine pédestre assez rébarbative.
Ainsi, même si le rythme du film et le choix de coller aux basques de Johnny le tueur lassent au fur et à mesure de son avancée en mode FPS à la 3ème personne, il faut avouer qu'à certain moment, les images font leur petit effet grâce principalement à l'absence de tout artifice sonore. Chris Nash prend son temps, de manière presque documentaire, assurément contemplative, et il réussit en de rares moments, entre action hors champ et lente progression du prédateur vers sa proie, à saupoudrer son itinéraire d'un chamois, ou d'une carcasse de hérisson. Il ajoute à cela un sadisme duquel il ne détoune jamais la caméra (les plus sensibles détourneront les yeux) et un silence des victimes qui va à contresens des slashers habituels où l'on aime se débattre en vociférant. Ces deux aspects contribuent à cet aspect documentaire et rendent certains moments véritablement pesants comme les quelques suppliques étouffées par la douleur de nos jeunes victimes rendent cette souffrance quasi inaudible encore plus marquante (et peut être pour certains, moins supportable).
On pourrait regretter l'absence totale de profondeur de notre troupeau de jeunes bientôt déssoudés mais d'un autre côté, a-t-on vraiment besoin de la biographie du mouton qui s'écroule sous les griffes et les crocs du loup ? Et finalement, on a jamais entendu l'antilope crier à répétition à la lionne de lui laisser la vie sauve en l'insultant.
La nature est impitoyable, froide, belle et surtout, elle ne s'encombre pas de détails inutiles.
Et ça Chris Nash l'a bien compris !
Alors même si on finit un peu assomé par son rythme, on peut saluer la proposition du réalisateur canadien qui tente quelque chose de différent et d'épuré, rapprochant le slasher du documentaire animalier. Un film qui ne manquera pas de vous faire grincer des dents et grimacer par moment.
Vive le yoga !