Que dire après un "film" d'1h40 aussi dense qui m'a paru 3 heures ? Plusieurs choses. D'abord pour comprendre et cerner la thèse contestataire de Guy Debord il faut s'intéresser à l'ensemble de son oeuvre. Et notamment à celle-ci car elle explicite bien les choses en profondeur. Elle explicite bien mieux les tenants et aboutissants de sa réflexion que par exemple "La société du spectacle" qui prise toute seule, m'a semblée chiche et guerre original.
Deuxio le personnage Guy Debord illustre à merveille le propos de Jean-Luc Godard qui dit dans "Je vous salue Sarajavo" "qu'il est de la règle de vouloir la mort de l'exception". Debord étant évidemment l'exception car méprisant le consensuel, l'uniformisation et la complaisance devenue norme sociétale et règle.
Tertio J'y ai compris qu'il se foutait et qu'il méprisait l'image d'ailleurs. Il ne voyait le "7ème Art" que comme un médium et un média comme un autre pour faire passer son message et faire réagir. Debord se servait des armes du spectacle pour les retourner contre elle. On dit que l'imagerie de ses films ne traduisait pas toujours son propos, chose que lui même revendiquait et assumait. Pourtant l'imagerie de ses films représente bien la vacuité qu'il dénonce constamment.
Cela reste parfois assez ardu à assimiler et à comprendre tant Debord reste dans cette posture élitiste du propos. En ce sens il ne s'est finalement jamais renié et c'est tant mieux car c'est à nous de nous élever aux subtilités de sa pensée et non à lui de s'abaisser au niveau de la plèbe trop inculte et ignare pour lui. Même si ça me gêne toujours un peu que ce gars ne parle jamais de degrés, de tendances, de majorité et de minorité comme si absolument tous les individus étaient conditionnés par la société du spectacle et par le Capitalisme au même degré. Même si je devine à l'avance ce qu'il rétorquerait à ce reproche : ceux prétendument moins conditionnés que les autres le sont encore beaucoup trop pour que je les distingue de mon propos.