Blablabla, Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause !
Bon je ne connais pas Guy Debord et je m'en cogne pas mal de sa vie, je ne savais même pas qu'il avait fait du "cinéma" (si on peut parler de cinéma tant c'est une négation de tout ce qui fait du cinéma un art) (vu que je ne sais pas qui c'est, logique, faut suivre un peu).
Et vu que je ne le connais pas, je suis méfiant, c'est-à-dire que je vais être critique, je ne vais pas me laisser embarquer dans toutes les conneries potentielles qu'il pourrait raconter.
Le film commence bien, très bien même. Il nous explique qui est le spectateur de cinéma, on fait une étude de classe, etc. Il y a une certaine radicalité dans ses propos qui me plait, je veux dire qu'il n'y va pas de main morte et ne fait pas sa mijaurée. Il dit aussi qu'il ne va pas aller dans le sens du spectateur, tant mieux je ne viens pas pour être choyé.
Mais finalement j'y vois surtout un aveu de tocardise assez absolue. Le palindrome du titre, ok, c'est rigolo, mais n'est-ce-pas du spectacle ? "oh regardez je sais faire des palindromes ?" surtout avec la façon dont c'est mis en scène ? D'ailleurs on a là le seul effet de mise en scène du film… sur le titre, youpi ! Vive le cinéma !
Si je suis d'accord avec le constat marxiste du film, à un moment donné il faut lui expliquer à Debord que ce n'est pas possible, le cinéma ce n'est pas de la littérature. Debord nous bassine avec sa voix monotone de ses vérités générales, mais il ne veut pas les montrer par l'image car les images mentent. Ok, pourquoi pas ? Mais à ce moment fait une émission de radio ou un bouquin, à quoi ça te sert de prendre le supporte cinématographique si tu ne veux pas l'utiliser ? Rien que le concept je le trouve con. Après ça existe, tant mieux on va dire, mais on ne m'ôtera pas l'idée de la tête que c'est très con.
En fait Debord ne propose rien qui n'ait déjà été fait en mieux. Il est là le problème. Debord nous balance ses longues phrases monotones et on a déjà oublié le début de la phrase lorsqu'il nous dit la fin. On peut retenir 10s avec la mémoire auditive. Si les phrases de Proust fonctionnent (déjà c'est parce que c'est bien mieux écrit que Debord) c'est parce que c'est écrit justement, tu le lis à la vitesse que tu veux, tu ne sais pas plus tu remontes tes yeux et tu repères à nouveau le sujet de ta phrase. Là c'est juste assommant.
Mais le pire dans tout ça, c'est que ce n'est pas poétique pour un sous. Ce n'est pas beau. Lorsque Godard ou Marker font des essais politiques il y a du beau, du vrai, de la poésie car il y a du cinéma, du montage, la voix off n'est pas si vide et même si jamais on décroche du flux de parole (non parce que là Debord ne veut pas fermer sa gueule 20s) il reste la beauté brut du moment précis avec ce mot, cette image, cette musique, et le montage de l'oeuvre en général.
J'en avais du coup surtout marre après une demi-heure quarante minutes de film de cette négation totale du cinéma.
Et en général ça me fait bien rire lorsque j'entends dire que Godard est prétentieux, mais là, Debord parle pas mal de lui "oh si ça se trouve on ferait du cinéma comme moi", blablabla !
Finalement je ne sais même pas si je suis d'accord avec ce qu'il raconte ou non vu que j'ai arrêté bien vite de l'écouter, il n'y a aucune image pour venir soutenir mon attention, il refuse de faire du cinéma, très bien, je refuse de le considérer.
Ce n'est pas tant son propos qui me dérange que la façon avec laquelle il le met en oeuvre. Je sais bien qu'on ne peut pas faire passer ses idées n'importe comment, on est d'accord, mais là en bouquin je le lirai peut-être, en film ce n'est pas la peine.
Et de ce que j'ai compris ses propos ne me semblent pas si originaux que ça, Bresson condamnait déjà le spectacle qu'il réservait au théâtre dans Notes sur le cinématographe sorti trois ans avant ce film (oui je sais Debord blablabla).
Un bon simulateur de sieste.