Visiblement très stimulé par la critique de l’hypocrisie sociale, Jason Reitman nous renvoie une fois de plus dans ce même registre avec ce nouvel "In The Air". Ce coup-ci c’est au tour du monde du travail qu’il s’agit et, pour son troisième essai, le fils du grand Ivan ne change pas ses recettes qui marchent. Toujours aussi fluide dans le propos, dynamique dans la réalisation et inspiré dans le casting, cet "In The Air" s’avère d’emblée très séduisant et capte immédiatement l’attention. Auscultant avec minutie et humour noir le parcours des archanges noirs du capitalisme financier, on apprécie volontiers cette démarche qui vise avant tout à s’ancrer dans l’humain tout en évitant le pathos. C’est toute la logique de réussite à l’américaine qui est ici passée au crible, et force est de constater que Reitman touche souvent juste et sait faire en sorte que l’on s’identifie rapidement aux questions existentielles des personnages, qu’elles concernent soit la finalité de la réussite sociale, soit la pesanteur des normes morales comme le mariage et la famille, etc... Malheureusement, quel dommage qu’après avoir aussi bien déblayé ces aspects, Reitman fasse volte-face dans son dernier tiers, et rebrousse totalement chemin pour s’engouffrer dans un consensus mou des plus bidons. Comme quoi, les socles de la culture américaine sont plus forts qu’on ne pouvait l’imaginer. Afin de ne pas attaquer en même temps les deux bases sacrées de la société américaine que sont l’ultralibéralisme et les valeurs religio-familiales, Reitman n’accepte d’égratigner l’un qu’à condition d’encenser finalement l’autre. Dommage, mais ce qui pouvait devenir un film audacieux ne demeure au final, suite à cette débandade, qu’au stade de la simple promesse non tenue. Sympathique donc, mais anecdotique aussi... Malheureusement...