Un petit sourire coquin, des yeux rieurs d'un bleu clair, des cheveux blonds bouclés incandescents et indomptables, la beauté de Meg Ryan est un des plus beaux souvenirs du cinéma des mi 80's / débuts 90's. Si ses comédies romantiques étaient la plupart du temps anodines, il serait pourtant hypocrite de ne pas reconnaître qu'on s'en souvient grâce à elle, Meg, des dérisoires tourments de son coeur de petite fille et de son beau visage solaire irradiant d'une beauté simple et naturelle.
C'était ça, Meg : son côté girl next door adorable et émouvant, son statut de petite fiancée de l'Amérique, la fille que l'on voulait prendre dans ses bras et caresser de la plus délicate des mains. Mais les années qui passent sont parfois cruelles et certains ratés malheureux.
Depuis le début des années 2000, Meg a envie de passer à autre chose. Elle le fait avec plus ou moins de bonheur. Plutôt moins que plus. Avec In The Cut, elle continue cette diversification. L'idée de la retrouver me ravissait. Meg semblait être restée naturelle (ou du moins, les artifices ne se voyaient pas). Et s'acoquiner avec Jane Campion pose une actrice.
Le dos du DVD promettait, je cite "un thriller sombre, sensuel et intense" à "la tension insoutenable". Même Première y allait de ses louanges, relevant que "toute l'action d'In The Cut reflète l'urgence de l'attraction charnelle".
On n'a pas dû voir le même film, apparemment. Car en guise de tension sexuelle, Jane Campion nous sert du discours binaire de comptoir sur la sexualité, où les moments chauds sont éclairés comme des scènes de night club glauque dignes d'un sous Hollywod Night bigarré. Même si Meg, dans un rôle assez névrosé et frustré, y apparaît nue, cela ne fera pas pour autant monter la température, le sulfureux ne se résumant qu'à un timide léchage et une main dans la culotte au téléphone, cachée en plus. Ah ! J'allais oublier la gâterie, en plastique, évidemment. Et en guise de climax, la réalisatrice se contente d'une scène toute habillée, avec des menottes, où les protagonistes jouissent en vingt secondes chrono, larmes à la clef. Que le sexe est triste sous l'oeil de Jane Campion...
Le film sulfureux qu'on nous faisait miroiter ne choquera donc que la Baronne Blandine de Montalenvers de Saint-Jacques, qui ne conçoit le devoir conjugal qu'à 90 degrés une-fois-par-an-je-m'en-souviens-encore... Et à peine plus en langage qu'en images.
In The Cut, en outre, recèle de sacrées incohérences. Déjà, celle qui fait que Meg tombe "in love" avec la moustache très Village People de Mark Ruffalo, à la suite d'un concours de circonstances incroyable digne d'un Slumdog Millionnaire. Campion n'offrira au spectateur qu'un thriller en mode pantoufle pour mémère dont les aspects les plus angoissants sont quatre panneaux vaguement cryptiques dans le métro se référant à ce que Meg, en pleine crise de la quarantaine solitaire, est en train de vivre.
Le jeu des soupçons, lui, sera vite circonscrit à deux suspects dont, incroyable, la moustache YMCA que Meg a dans la peau. Jusqu'à l'irruption d'un troisième larron qu'on a dû voir deux minutes trente sur tout le film. Seul Kevin Bacon saura instiller un peu de suspense et de tension dans une oeuvre qui en manque cruellement. D'ailleurs, tous les rôles masculins sont unidimensionnels dans In The Cut, tant ils sont dépeints sans nuance comme des salauds et des menteurs qui sautent sur tout ce qui bouge.
C'est triste à dire mais Meg, elle, est en mode automatique, toujours au bord des larmes, indécise, névrosée, pas sensuelle ni même attirante. Elle abandonne ses beaux cheveux blonds bouclés et son sourire pour une tronche de tous les instants, des cheveux lisses et une frange qui lui mange le visage. Peu à son avantage, sa présence ne sauvera pas In The Cut de son côté mou et vaguement poseur qui indiffère, jusqu'à un final des plus classiques mais où, enfin, l'héroïne se prend un petit peu en main... Pour se soumettre de plus belle.
Il y a un fossé entre changer son image et l'écorner. Allez, viens dans mes bras, Meg. Moi, je saurai te consoler.
Behind_the_Mask, Meg-astar.