In the Fade raconte une histoire plutôt simple. Avec un sujet qui suscite des réactions personnelles des spectateurs, un peu plus en tous cas que dans des films dits de divertissement. Il peut provoquer un rejet pur et simple, on le constate en parcourant certaines critiques, qu'elles soient professionnelles ou pas. Trop de pathos estiment certaines. Ah bon, vraiment ? Parce qu'une femme pleure quand le terrorisme aveugle a décimé sa famille ? On peut estimer au contraire que Akin ne pousse pas le bouchon trop loin en la matière. Et qu(il fait montre de pudeur et de sensibilité. "Un éloge de la loi du talion" peut-on lire également. C'est ridicule. S'il est impossible de ne pas éprouver de l'empathie pour l'héroïne tragique du film, nulle glorification de ses actes n'est proposée et chacun dispose de son libre-arbitre pour en juger. Le tout est que ces actes-là aient une cohérence dans la psychologie du personnage et c'est le cas pour cette femme brisée, malheureuse mais aussi remplie de colère qui d'une certaine façon l'empêche de tomber. C'est la souffrance et la tristesse du samouraï (qu'elle a tatoué sur sa peau) qui s'exprime de cette manière. Si In the Fade évoque l'internationale néonazie et les failles des tribunaux, il est avant toute chose un portrait de femme précis et contondant dans des moments dramatiques. Et là, il n'y a aucune exemplarité ni leçon morale à tirer. Du point de vue cinématographique, In the Fade est par ailleurs une totale réussite, dense, intense et vibrant avec une mise en scène condensée et sans gras inutile (voir les scènes de procès). Enfin, il y a Diane Kruger, malmenée et stoïque dans la tempête. Une merveille d'interprétation dans un film digne et surtout profondément humain. On est vraiment loin du pauvre récit de vengeance que certains veulent y voir. Mais bon, comme toujours, à chacun son ressenti et son opinion.