In the Fade
6.3
In the Fade

Film de Fatih Akin (2017)

C’est une vague de meurtres en Allemagne, de 2000 à 2009, contre des personnes d’origine turque par les membres du groupe néonazi Nationalsozialistischer Untergrund, qui a inspiré Fatih Akin pour son nouveau film. Katja perd son fils et son mari lors d’un attentat à la bombe. La police pense d’abord à un règlement de comptes entre clans et communautés lié au passé de trafiquant de drogue de Nuri, avant de comprendre que les néonazis sont impliqués dans cette attaque xénophobe. En trois parties (l’après-attentat, le procès, la revanche), Akin décrit le cheminement de Katja, entre douleur brute et sentiment d’injustice, dans une logique qui dépasse tout sens, tout raisonnement, presque primale, et qui semble même irréaliste tant Akin a du mal à étoffer son scénario, à le rendre plus pertinent.


La chronique sur le deuil de Katja (Diane Kruger, sans filet et sans maquillage, est impressionnante) est la partie la plus réussie, rêche et intense, avant que le film ne vire au film de procès poussif, puis au revenge movie franchement bancal. Trop souvent dans la démonstration, In the fade y va avec ses gros sabots (l’acquittement improbable, l’avocat des deux nazillons qu’on dirait échappé d’une soirée SS, la famille forcément idéale de Katja avec moments de grâce et de bonheur en flashbacks appuyés…) pour dire le mécanisme implacable de la haine et de l’extrémisme, et les conséquences (les ravages) qui vont avec.


Que cherche (maladroitement), que veut nous dire Akin lors de cette scène finale controversée (et sans, a priori, cautionner les agissements de son héroïne, mais l’accompagnant jusqu’au bout de sa démarche), si ce n’est que chacun(e), parce qu’il y a un instant propice, parce qu’il y a des paroles, parce qu’il y a une colère et une frustration, parce qu’il y a quelque chose qui, soudain, déplace tout principe de réalité vers un point aveugle, un terrain vierge, une "conscience" altérée, suivra un chemin qui n’appartient qu’à lui, prendra une décision qui ira au-delà de la morale et de la compréhension des autres. Et parce que c’est un processus purement, terriblement humain. Pas excusable selon les cas, mais simplement humain.


Article sur SEUIL CRITIQUE(S)

mymp
5
Écrit par

Créée

le 17 janv. 2018

Critique lue 1.2K fois

9 j'aime

2 commentaires

mymp

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

9
2

D'autres avis sur In the Fade

In the Fade
Sartorious
7

Le deuil impossible

Katja et Nuri se sont unis dans un lieu censé les séparer : la prison. Cet amusant paradoxe prend un sens bien plus tragique quand une bombe explose dans une rue passante, emportant avec elle Nuri et...

le 16 janv. 2018

28 j'aime

In the Fade
Cinephile-doux
8

La tristesse du samouraï

In the Fade raconte une histoire plutôt simple. Avec un sujet qui suscite des réactions personnelles des spectateurs, un peu plus en tous cas que dans des films dits de divertissement. Il peut...

le 17 janv. 2018

23 j'aime

6

In the Fade
TomCluzeau
4

Les Douze indécences de Fatih Akın

Un bon film peut être dégueulasse, comme le montre In the fade qui enchaîne, tel un Hercule de l'obscénité, les indécences les unes après les autres. Deux exemples : Il y a d’abord des effets...

le 16 janv. 2018

21 j'aime

3

Du même critique

Moonlight
mymp
8

Va, vis et deviens

Au clair de lune, les garçons noirs paraissent bleu, et dans les nuits orange aussi, quand ils marchent ou quand ils s’embrassent. C’est de là que vient, de là que bat le cœur de Moonlight, dans le...

Par

le 18 janv. 2017

182 j'aime

3

Gravity
mymp
4

En quête d'(h)auteur

Un jour c’est promis, j’arrêterai de me faire avoir par ces films ultra attendus qui vous promettent du rêve pour finalement vous ramener plus bas que terre. Il ne s’agit pas ici de nier ou de...

Par

le 19 oct. 2013

180 j'aime

43

Seul sur Mars
mymp
5

Mars arnacks!

En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...

Par

le 11 oct. 2015

162 j'aime

25