Auréolé d'un succès à Cannes et du golden globes du meilleur film étranger, Aus dem Nichts (c'est le titre français qui est bien fade en toute honnêteté) a fait couler plus d'encres que le film ne fait couler de sang. Visiblement, les spectateurs ont eu tendance à critiquer avec ardeur le scénario du film, et même à l'affabuler du titre de scénario type d'un téléfilm de TF1. Malheureusement, au risque de décevoir certaines personnes, les scénarios des téléfilms de cette chaîne de télévision sont bien pires; mais cela ne veut pas pour autant dire que Aus dem Nichts est exempt de critique scénaristique, loin de là. Le scénario prend des facilités bien grotesque; il est vrai que cette fameuse scène de suicide, tout comme la scène cliché avec les méchants, dont l'inspiration vient certainement d'un épisode de Rex, chien flic, soit le bas du panier, sont assurément ridicules.
Certes, le scénario est fragile et bancale sur sa trame. Le film n'est cependant pas tant axé sur ce scénario capillotracté, mais davantage sur la relation géopolitique actuelle entre montée de l'extrême droite européenne et les populations et les médias que suggère finalement le fond du scénario. Ce que Fatih Akin souhaite faire, et au contraire de ce qu'il avait pu faire dans Gegen die Wand, ce n'est pas tant dresser un portrait de marginaux mais à partir de ces personnages de décrire le constat de notre perception vis-à-vis de cet événement, et ce par des procédés simplistes et discrets, compréhensifs de tous. Le film doit son élan et son entrain au charisme de Diane Kruger qui irradie la pellicule de son talent et au fondement du scénario plutôt qu'aux métaphores et procédés scénaristiques caricaturaux usés par Fatih Akin. Aus dem Nichts se veut dynamique et efficace, tout en usant d'une simplicité déconcertante et enfantine.
Aus dem Nichts est un film d'actualité, qui malgré la prestation de Diane Kruger, s'érodera avec le temps à cause de ce scénario simpliste tant décrié qui ne fera que gagner en opulence les années se déroulant.